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150 ESTIENNE DE LA BOÈTIE cez viennent en mares; d’autre part la terre iette des herbes infinies de toutes fortes : orla faut il nettoyer qui la veut femer; & cela mefme qu’on en tire, qui le iettera dans 1’eau, le temps fans plus fera de foy mefme ce dont la terre Pefiouit le plus. Car quelle 5 herbe, voire quelle terre, ne deuient fumier, fi elle demeure dans l’eau dormant qui n’a point de cours? Chacun entend aufïi en combien de fortes on donne remede à la terre, fi elle en a befoing, lors qu’elle eft ou trop mouillee pour le grain, ou trop amere & falee xo pour le plant; & comment il en faut tirer hors l’eau auec des foffes, & comme il faut corriger Pamertume & falure en la deftrem-pant auec quoy que ce foit de dous & humide & fec: mais les vns fe foucient d’y pouruoir, & les autres nullement. Et encore, fïil y en x5 auoit aucun au monde qui fuit du tout ignorant de ce que la terre peut porter, & qui n’euft veu fruit aucun d’elle, ny plante aucune, ny trouué perfonne de qui il en euft peu entendre la verité, ne feroit il pas à celuy là mefme, 8L à tout autre, plus aifé d’apprendre zo à cognoiftre la terre par l’efpreuue, que de cognoiftre É<Que mmm les cheuaux, que de cognoiftre les hommes? car elle

 ne fait monftre de chofe quelconque, pour tromper

mûii/w»` aucun; mais, auec vne grande fimpleffe, elle declaire, fans déguifer 8L fans mentir, ce qu’elle peut ou ce 25 qu’elle ne peut pas. Et me femble qu’en fe prefentant ` ainii, fi facile à cognoiltre & comprendre, qu’elle defcouure le mieux qu’il eft pofüble & merque ceux qui valent quelque chofe, & ceux qui ne valent rien: car il n’eft pas ainfi d’elle, comme des autres 30 meftiers, aufquels ceux qui n’y trauaillent point I