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46 ESTIENNE DE LA BOÉTIE

la vigne, tu fçais cela mefme aulïi bien que moy. Et Le Jîguiw- le figuier, dis—ie, le faut il planter de mefme ?C’eft bien mon aduis, dit Ifchomache, & en tous autres arbres, , qui viennent de plant: car qu’=eft ce que tu fçaurois trouuer mauuais au plant des autres arbres, qui foit 5 L’<>liuier· bon au plant de lavigne? Mais l’oliuier, ô Ifchomache, a dis-ie, comment le planterons nous? Tu m’ei`fayes, dit—il, en cecy, ie le cognois bien, car tu le fçais mieux . que tout autre : tu vois bien qu’on fait plus profonde la foffe pour Poliuier, pour ce qu’on le plante, volontiers IO pres des chemins. Auiïi tu vois bien comment 1’on met ` les greiïes par toutes les pepinieres, & fçais qu’0n fait à tous la teite de terre graiïe & deitrempee, & comme 1’on tient à toutes plantes le delïus couuert & enue- loppé. Ie voy bien tout cecy, dis·ie. Et le voyant, 15 dit-il, qu’y a il que tu n’entendes? Quoy, fçais tu pas comme il te faut mettrela coquille au deiïus de l’amas de terre? En bonne foy, dis-ie, Ifchomache, de tout ce que tu as dit_ie n’en penfe ignorer rien; bien penfe. ie fort pourquoy cÈeit que tantoit, quand tu m’as zo demandé tout en gros fi ie fçauois planter, i’ay dit que non : car il, ne me fembloit pas que· i’en fceuffe, · rien dire; & apres, quand tu t’e1`fayois de m’interro- guer de chafquechofe à part, ie, te refpons ce que tu fçais toy mefme, qui es eftimé Ii merueilleux mefna· 25 _ Qui ger. Seroit ce point, ô Ifchomache, que qui interrogue

 enfeigne? car i’apprens, ce me femble, chafque chofe

à mefme que tu me la demandes, pour autant que, me r conduifant par les chofes que ie fçay, & me monitrant: celles que ie ne penfe pas fçauoir, toutes femblables, 30 tu me fais acroire, ce croy ie, que,ie les fçay bien.