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128 ESTIENNE DE LA BoÉT1E aura il plus deformais befoing d’autre chofe? ou bien fi par auenture ceftuy cy fera bon receueur pour toy, ` & du tout accomply en fon eftat? Ie penfe, dit-il, qu’il Sçauoir faut encore qu’il apprenne à fçauoir commander à commander. _ ceux qui trauaillent. Comment, dis-ie, tu apprens 5 donc aufïi les receueurs à fçauoir commander? Au moins ie m’en effaye, dit Ifchomache. Et pour Dieu, dy moy, iis-ie, en quelle maniere les peus tu faire bons à commander entre les hommes? Fort groflîerement, dit—il, ô Socrates; de forte que par auenture t’en riras IO tu ii tu l’entens. Si n’eft ce pas, dis—ie, chofe digne de rifee; car qui fçaura les hommes bons à commander aux hommes, il_ les pourra il bien enfeigner qu’ils S feront fuüîfants pour eftre maiftres; & qui pourra les faire fuffîfants pour eftre maiftres, les pourra auiïi F5 · faire capables pour eitre roysz de forte que ie ne cuide pas qu’vn perfonnage qui le fçait faire, foit digne de moquerie, mais de grande louange. N’eit il donc pas Comme les vray, ô Socrates, que tous les autres animaux appren- azgïëëïegizt nent à obeïr par ces deux moyens, l’vn d’eftre chaftiez 20 «[L]es· quand ils f·ei`fayent de defobeïr, & l’autre, ü on leur ]fÃ;îeà'£‘i,'Ãî fait quelque bien quand ils feruent de bon cœur. bey[“'”"' Voilà comment les poulains apprennent d’obeïr à l’efcuyer qui les dompte, par ce qu’on leur baille ` quelque chofe de bon quand ils font ce qu’on veut, 25 & que, tant qu’ils font rebelles, ilsifont tourmentez, iufques à ce qu’ils facent bien au gré de l’efcuyer. Et les petits chiens mefmes, qui ne font rien au pris des Ã%%îiS¢;S hommes, tant pour le fens que pour la parole, appren- [d]cs cha nent toutesfois, en la mefme façon que nous auons 30 [dîïsuâziîns dit, à faire les tours & les foubrefauts, & plufieurs