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LA MEsNAGER1E DE xENoPHoN 125 que tous les hommes, tant qu’il yen a, par maniere de dire, f=ayment bien eux mefmes? Et combien y en a il qui veulent bien des biens pour eux, & toutefois 35 ne veulent pas fe foucier comment il les auront? Lors me dit Ifchomache, ceux que ie cognois de bonne volonté, fi ie delibere de les faire mes Receueurs, ie leur enfeigne apres d’auoir foing de mes befongnes. Comment? dis-ie; que dis tu maintenant, ô Ifchoma- 40 che?. car, de faire vn homme foigneux, au fort cela eftimoy-ie impofïîble d’eftre enfeigné. Auffi n’eft il pas poiïible, dit il, ô Socrates, qui voudroit entreprendre d’enfeigner à eftre foigneux toute maniere de gents. Quelles gents doncques, dis-ie, eft il poiïible? deffeigne 45 les moy tout clairement. Prernierement, dit il, vous «Qu’il ne fçauriez faire foigneux ceux qui font fubieéts au vin: car, de f>enyurer, cela faiët perdre toute memoire [gneslm de tout ce `qu’on a affaire. Ceux ci donc, fans plus, yw£;f;m· dis—ie, font incapables, ou f>il y en a d’autres? Ouy 50 vrayement, dit lfchomache, les fommeilleux & dor- endlgîîlià mars, puis que l’endormy ne fçauroit ny luy mefme faire fon deuoir, ny le faire faire aux autres. Quoy «[Qu’]izMjg donc, dis-ie, & maintenant eft ce tout, ou Fil en y a f“"î,l£,l,ï“y' d’autres encores oultre ceux la? Certes ie penfe, dit [e]"d°""y ’°' 55 lfchomache, que ceux qui ayment les femmes d’vne Les amour defmefuree font infufûfans d’apprendre à fe foucier d’autre chofe plus que de cela: car il n’eit pas « [Qzfgilnefc aifé de trouuer à ceux ci nyaucun foing plus plaifant, f“';î£.î2;’?’ ny aucune efperance plus aggreableique le foucy [']wx»` 60 qu’ils ont de leurs amours. Et puis, quand faut mettre ordre à quelque affaire, on ne fçauroit pour eux inuenter vn plus grief tourment que de les efloigner