Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

& plus de soucy de nous complaire en quelque chofe pour estre par recompenfe prifee de nous. Nous luy enseignames aussi de nous aymer; & le moyen que nous trouuames pour cela, ce fut, quand nous sentions quelque aise, de luy en faire part, &, Fil y auoit rien 5 d’ennuyeux, de l’y conuier; & l’apprimes à i?affec— tionner d’augmenter nostre maison, en luy faisant cognoiftre & la rendant participante de noitre bonne fortune; la faifions loyale & droituriere, de tant que nous rendions plus prifez les loyals, & plus riches IO _ & plus libres que les defloyaulx; & à celle là nous donnames ceit eftat. Ce faiét, ô Socrates, ie dis à ma femme, que tout cela’n’ei`t©it rien, ii elle ne mettoit peine que chaque chofe demeurait en fon ordre. Et luy apprenois comment aux villes bien pollicees les IS citoyens ne penfent pas que ce foit allez faiét, quand ils ont eitably des bonnes loix, mais eilifent encore des oiïiciers expres pour les garder &. entretenir, qui ont charge d’aduifer pour donner honneur à ceux qui viuent felon les loix, 81. de punir ceux qui font le zo contraire. Or prioy-ie ma femme de croire qu’elle auoit ceit office là en noltre maifon, 8L que c’eit à elle de faire la reueuë de tout ce qui y eft, quand bon luy femblera, comme à vn coronel de la faire de fes compagnies; & qu’elle peut recognoiftre toute fa 25 maifon, & iuger fil y a rien qui ne foit bien, comme à la monftre le confeil recognoit les cheuaux & leurs maiitres; & que c’eft fon eftat de louër, aussî bien que les roynes, celuy qui en eft digne, &1’h0norer felon noitre pouuoir; & de blafmer & punir celuy qui l’aura 30 merite. Apres cela luy remonstrois qu’elle n’auoit