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92 ESTIENNE DE LA BoÉT1E _ labaiîws d’vn cofté les laboureurs, & les artifans d’vn autre, plus prqzs & on leur demandoit à tous, à part, de quel aduis ils à combatrc , , que les font, ou de defendre la campaigne, ou bien de l’aban- mJ°"`°` donner pour fe retirer dans les villes `& garder les murailles: car pour certain nous croyons que ceux 5 qui font toufîours apres les terres feroient d’auis de 'combatre; &. les artifans non, mais de demeurer aiïis, comme ils font apprins des leur enfance, & ne fe mettre en peine ny en danger. Apres nous auons refolu que Pagriculture, dont les hommes prennent ro ce qui leur faiét befoing, eit la meilleure occupation & le plus beau fçauoir qu’on pourroit trouuer pour vn homme de bien &. honneite. Car nous trouuions cefte vacation, entre toutes, la plus facile à appren- dre, la plus plaifante à en vfer, & rendant les corps IS les plus beaux & les plus forts; & ii ne donne aucun empefchement à l’efprit, qu’on ne puiffe bien auoir le

 cœur aux affaires de fon païs & de fes amis : &. auons

eftimé qu’elle eguillonne grandement les hommes I à eftre hardis & courageux, de tant que hors des zo murailles & des forts, elle produit les fruits & nourrit les hommes qui Pentretiennent. Et par ainiî, que cette façon de viure eft en grand honneur aux citez, pour ce qu’elle faie°c des bons citadins, & fort aiïeétionnez au commun. l 25 C/wp- 11- Adonc Critobule dit : Or donc meshuy, ô Socrates, que ie croye que viure de la mefnagerîe des champs, c’eft la plus belle, & la meilleure, & la plus plai- fante maniere de vie, i’en penfe auoir eu par tes raifons fuffifantepreuue. Mais quant à ce que tu difois 30 auoir appris autrefois, pourquoy c’eft qu’aucuns vfent