LA 'MESNAGERIE DE XENOPHON 85 · Socrates, Cire euft efté, fil euft vefcu, autli bon chef de prouince qu’il elt polïible; &. de cela donna il plu- iieurs lignes & grands tefmoignages, & mefmement 35 lors qu’il alloit trouuer fon frere auec fon armee, pour le combatre fur la querelle du Royaume. Car non pas vn feul, dit on, du camp de Cire, ne fe rendit du collé du Roy; & pluiieurs miliers d’hommes quitterent le feruice du Roy pour venir à Cire. Or 40 de ma part, ie penfelque l’vn des grands lignes de la vertu d’vn chef, c’eit quand les fubiects luy obeitïent volontiers, & tiennent bon pour luy, voire aux plus grands dangers. Et l’on a veu que les amis de Cire combatirent pour luy tant qu’il vefquit; & quand il 45 mourut, ils moururent pour luy & auecques luy, combatans tous autour du corps mort, fors feulement Ariee qui eitoit à. fon ranc, pour commander à vn autre cofté de la bataille, à main gauche. Doncques, Conte gue . . . l’on au de de ce Cire, on fait vn conte, que, alors que Lifandre Cire. 50 luy alla porter les prefents que fes alliez luy en- uoyoient, ce bon Prince le feitoya de mille autres careffes, comme Lifandre mefme eftant à Megare l’a conté depuis à vn lien ami & hofte ancien; mais entre autres bonnes cheres qu’il lui fît, il lui monftra, 55 ce dit il, à Sardes, fon verger. Lifandre, le voyant, Veêger de ' feitonnoit que les arbres fuffent fi beaux & ü iulte- m' ment plantez à la ligne, 8L les rancs des fruitiers fi droits, & tous bien mefurez à angles compaffez d’vne façon belle à merueilles; & puis vn grand nombre 60 d’odeurs fouëfues qui les accompagnoient fe prome- nans aux allees, dont luy tout esbahy dit à Cire : De tout ce que ie vois, pour vray, ie m’en efmerueille, ô
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