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· 84 ESTIENNE DE LA BoÉT1E _ Chap. 8. · Encore outre cela, dit S_ocrates, en quelque païs qu’il demeure, & en quelque lieu qu’il hante, il a le Vargm, cœur à ce qu’il aye fes vergers, qu’on appelle fes Paradis' paradis, bien pleins de tout ce qu’on peut fouhaiter de bel & bon que le terroir ayme à porter; & là dedans 5 il paiïe la plus part du temps, fi la faifon de l’an ne l’en iette & met hors. Il faut bien donc, dit Socrates, ô Critobule, qu’il ait le penfement que fes vergers foient iingulierement beaux & bien accouftrez & d’arbres _ & de tout ce qui eft de beau que la terre produit, «o

 puis que luy ·mefme y demeuretant dedans. Encore, ô

à dq/;,,,,,,T Critobule, dit Socrates, l’on dit que, quand 1l defpart ps °l°”‘· fes prefents, il faiët premierement entrer ceux qui fe font monftrez bons hommes de guerre, pour ce qu’il ne feruiroit de rien qu’on labouraft beaucoup, f’i1n’en I5 y auoit qui tinffent le païs en feureté. Apres, les _ feconds qu’il fait entrer, ce fontceux là qui entretien- nent mieux les terres, & qui les font valoir; & donne la raifon que mefmes les plus vaillans guerriers ne fçauroient viure, ûil n’y auoit gents qui trauaillalïent 20 au labourage. Si dit on encore de Cire, qui a efté pour vray le plus grand & le plus renommé Prince qu’on fache, que, à ceux qu’il faifoit venir pour prendre de fes dons, il leur difoit que à bon droit luy mefme pren- droit pour foy les prefents qu’il bailloit aux vns & aux 25 autres 1 car nul mieux que luy ne fçauroit entretenir les terres, ny les terres bien entretenues mieux que Pmggîtoü luy garder & defendre. Cire doncques, ô Socrates,

 dit Critobule, fil tenoit ce langage, promettoit tout

rezzcîwxlme autant pour bien cultiuer le païs & le faire valoir, 30 gm-rm. comme pour eftre bon guerrier. En bonne foy, dit_