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72 ESTIENNE DE LA BoÉTrE dis moy combien tu penfes qu’il fe trouueroit de ton bien à le vendre & combien du mien? Et ie penfe, dit Socrates, ii ie venois à rencontrer vn achepteur, homme de- bien & raifonnable, qu’il fe trouueroit fort aifement, de tout ce que i’ay auec ma maifon, cinq 5 mines; & fçay bien certainement que de ton bien il Pen feroit d’argent plus de cent fois autant. Et encore foachant cela, dit Critobule, tu ne penfes pas auoir befoing de plus grande richeffe, & me plains <<2<;17;#;î;~# à moy pour ma pauureté. Pour ce, dit Socrates, que IC

 ce que i’ay elt fuffifant pour fournir à ce qu’il me

pom·«s». fault; mais à toy, au train que tu as prins, & pour la façon dont tu t’es accoultré, & pour ta reputation, fil t’en venoit encores trois fois. autant que tu en as à cette heure, encore ne penferoy ie pas qu’il y en x5 euft trop pour toy. Et comment cela, dit Critobule? ëîîîjgïeîy Socrates le luy declaira. Premierement, dit il, pour ce

 que ie voy qu’il te fault faire facrifice de pluiieurs

mm-. & grandes holties, & c’eft à toy vn faire il le fault, autrement combien de gents le trouueroient mauuais, 20 &, crois ie qu’ils ne le te fouffriroient pas. Apres il te fault tenir maifon ouuerte à pluüeurs hottes allans & venans, & leur faire magnifique & fumptueux trai- «C¢ qui tement. Puis il te faultfeitoyer tes citadins, & leur Éiigldiz faire du bien, ou demourerabandonné ‘d’amis qui te 25 [ëîfëîgîîd fouftiennent; & encore ie m’apperçoy, que la ville

 commence detià àte mettre. fus des grandes defpenfes,
 comme l’entretien des grands cheuaux, Pappareil des

ieux, le gouuernement des paleitres & autres charges. Et apres fi la guerre vient,. ie fuis feur qu’on te 30 rechargera de la folde des galeres, .& de tant de fub-