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juridique devait promptement amener au Parlement de Paris, sous Jean Le Jay, qui succéda à Du Bourg comme recteur de l’Université, sous Jean Mynier, qui remplaçait momentanément le recteur en octobre 1553, et signa, en cette qualité, les cédules de licencié de La Boétie, sous Jean Robert, le rival de Cujas, sous François Jamet, Jean Roille et Pierre Caillard. De mérites assurément fort divers, ces maîtres surent donner à leur jeune élève une érudition peu commune, qui devait émerveiller bientôt le Parlement de Bordeaux.

L’étude du droit était alors, comme on le sait, particulièrement ardue et difficile. À l’enseignement de la législation romaine, que la méthode inaugurée par Cujas commençait à vivifier, s’ajoutait l’examen d’innombrables coutumes, toujours obscures, le plus souvent contradictoires. L’activité des jeunes gens suffisait pourtant à cette tâche considérable, tant l’ardeur au travail était grande, le goût du savoir prédominant. Non contents de fouiller jusqu’en ses plus intimes replis une science déjà si vaste par elle-même, ils apprenaient encore tout ce qui l’approchait ou pouvait l’éclairer, et ils gagnaient ainsi une érudition aussi solide que variée. Tel fut le résultat du séjour de La Boétie à l’Université d’Orléans. L’étude du droit n’occupait pas seule les fécondes années de sa jeunesse. Il approfondissait la jurisprudence, mais ces travaux, quoique importants, ne pouvaient suffire à calmer la soif de tout connaître dont il était possédé. Il se passionnait encore pour la philologie antique, qui l’attirait comme elle attirait tout son siècle, et composait, en manière de délassement, des vers français, latins ou grecs[1]. C’est même avant cette époque, au dire de ses contemporains, qu’il écrivait le chef-d’œuvre qui devait immortaliser son

  1. Plusieurs des vers latins, qui nous sont parvenus, sont de cette époque, notamment deux distiques adressésa Lambert Daneau et sur lesques nous aurons plus loin l’occasion de revenir.