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DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE 55 t’irois volontiers voir en ta tafniere; mais ie voi affes de traces de beites qui_ vont en auant vers toi, mais qui reuiennent en arriere ie n’en vois pas vne. Ces miferables voient reluire les trefors du tiran 30 & regardent tous esbahis les raions de fa braueté; &, alleches de cette clarté, ils iiapprochent, & ne voient pas qu’ils fe mettent dans la flamme qui ne peut faillir de les confommer : ainü le fatyre indifcret (comme difent les fables anciennes), voiant efclairer 35 lefeu trouué par Promethé, le trouua fi beau qu’il l’alla baifer & fe brufla; ainii le papillon qui, efperant iouïr de quelque plaiiir, fe met dans le feu pource qu’il reluit; il efprouue l’aut1·e vertu, celle qui bruile, _ ce dit le poete tofcan. Mais ancore, mettons que ces 40 mignons efchappent les mains de celui qu’ils feruent, ils ne fe fauuent iamais du roi qui vient apres: Fil eft bon, il faut rendre conte & reconnoiitre au moins lors la raifon; Bil eft mauuais & pareil à leur maiitre, il ne fera pas qu’il n’ait aufïi bien fes fauoris, lefquels 45 communement ne font pas contens d’auoir à leur tour la place des autres, fils n’ont ancore le plus fouuent & les biens & les vies. Se peut il donc faire qu’il fe trouue aucun qui, en fi grand peril & auec fi peu d’affeurance, vueille prendre ceite malheureufe place, 50 de feruir en fi grand’peine vn ii dangereus maiitre? I vmmnrns 26. « ic t’ir0is voir de bon cœur». 36. « & fe brufler». go. « & regardent tous eftonncz g8. « cela qui brufle, ce dit le les rayons de fa brauerie ». poete Lucan ». gg. « à les confumerax. 42. « & recognoîftre ». 34. « les fables, voiam ». 47. « & la vie ». gg. « par le (age Pr0methé». 48. « il grand peril,auec Il peu ».