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46 ESTIENNE DE LA BOÉTIE au tiran. Ces lix cent en tiennent fous eus üx mille, I qu’ils ont eileué en ellat, aufquels ils font donner ou le gouuernement des prouinces, ou le maniement des deniers, afin qu’ils tiennent la main à leur auarice ·& cruauté &. qu’ils Pexecutent quand il fera temps, & 5 facent tant de maus d’allieurs qu’i1s ne puiffent durer , que foubs leur ombre, ni f·exempter que par leur moien desloix & de la peine. Grande eit la fuitte qui vient apres cela, & qui voudra liamufer à deuider ce filet, il verra que, non pas les fix mille, mais les cent 1G` mille, mais les millions, par cette corde, fe tiennent . au tiran, ûaidant d’icelle comme, en Homere, Iuppiter- qui fe vante, Bil tire la chefne, d’emmener vers foi tous les dieus. De là venoit la creue du Senat fous Iules, Peltabliffement de nouueaus eltats, erection 15 d’onices; non pas certes, à le bien prendre, reforma- h tion de la iuitice, mais nouueaus fouftiens de la P tirannie. En fomme que l’on en vient là, par les faueurs ou foufaueurs, les guains lou reguains qu’on a auec les tirans, qu’il fe trouue en tin quaii autant de zo gens aufquels la tirannie femble eltre profitable, _ _ comme de ceus à qui la liberté feroit aggreable,. Tout ainfi que les medecins difent qu’en noitre corps, ûil y a quelque chofe de gaité, deilors qu’en autre endroit, il Py bouge rien, il fe vient aufli toit rendre vers celte 25 partie vereufe : pareillement, deflors qu’vn roi ûeft vmxmras 1. « fix cent tiennent ». I 18. « en fomme l`on ». _ I _ A _ 2. « ils ont`fz1it ». ig. « les faueurs, les guains p. , 6. « tant dc mal ». zo. « fe trouue quafi ». · , 15. « elecïtion d`offices ». 2;. « qu`à noftre corps ». l x6. « à bien prendre ». 30. «qui font taxez». ' _