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que les filles et les femmes aient les corps agiles et degauyés de matiére, les Italiens et les Eſpagnols déſirent le contraire. Pour moi, Toinette, dans la recherche que j’en fais, je ſuïs également les deux extremités et de même qu’une maſſe de chair ne me plait pas, auſſi ſi j’étois homme, je ne prendrois pas plaiſir de me divertir avec une ſquelette ou avec une decharnée. Les grandes ont auſſi beaucoup d’avantage ; elles ſont admirées pour leur hauteur ; néanmoins, dit un certain Auteur, s’il m’étoit permis de choiſir, je prendrois plûtôt une petite femme qu’une grande, car d’ordinaire celles qui ſont ſi hautes, ſont toutes en cuiſſes et en jambes et le reſte du corps n’y repond point ; ce qui me ſemble, continuë-t-il, ridicule et plaiſant, quand j’y réflèchis ſeulement, car comment regarder et enviſager les grandes femmes ſans s’imaginer voir, les parties naturelles montées ſur des échaſſes, ou apuyées au bout de deux perches ; je rie moi-même de mon imagination grotesque. Ce que cet Auteur dit eſt aſſez plaiſant, mais pour revenir à mon diſcours, ſi les grandes ont leurs défauts, les petites n’en ſont pas exemtes ; car l’on dit d’elles qui ſont trop ouvertes, mème les Naines doivent avoir ce defaut, quoiqu’elles ſoient aſſez proportionnées. L’on raconte d’une Naine de 14. ans, lorsqu’elle fut mariée à Lorinon