Ce château de Tinténiac dont l’origine vient de nous apparaître dans la charte de concession d’Adèle a Donoal, fut encore l’occasion d’une transaction postérieure entre la même abbesse et Guillaume, surnommé Ismaëlite, qui paraît avoir succédé à Donoal, et était vraisemblablement son héritier. Guillaume avait construit une chapelle dans son château, vers 1060, du temps de Reginald (ou Rainaud), évêque de Saint-Malo.
Il fut stipulé et accordé entre l’abbesse et Guillaume « son fidèle » que la moitié des oblations faites a ladite chapelle par les paroissiens de Tinténiac, habitant dans l’enceinte du château, appartiendraient au chapelain de Guillaume, l’autre moitié restant à l’église paroissiale dédiée à la Sainte Vierge, et à l’abbesse. Mêmes conditions pour les hommes du dehors, étrangers à la paroisse de Tinténiac.
Quant aux paroissiens de Tinténiac habitant en dehors de la forteresse, toutes leurs oblations étaient la propriété de Notre-Dame et de l’abbesse. Je renvoie le lecteur au texte de cet acte, où il trouvera encore de curieux détails sur le casuel ou les droits et rétributions que la législation coutumière accordait aux ecclésiastiques dans certaines solennités du culte et dans l’administration des sacrements de l’Église.
Les descendants de Guillaume continuèrent pendant plusieurs générations a porter le surnom d’Ismaélite, « Ismaeliticus. »[1]
C’est au XIIe siècle seulement qu’ils commencent à prendre
- ↑ Ismaélites, — Esmalites, — Hesmalites. Ce surnom ne devait-il pas
son origine et ne se rapportait-il pas à quelque souvenir des pèlerinages
dans l’Orient et en Terre-Sainte qui précédèrent les Croisades ? Les traditions
orientales, conformes à la Genèse, qualifient Ismael « ferus homo » et
« Sagittarius. » Elles rappellent aussi qu’il eut une nombreuse postérité.
— Les Arabes se disent issus d’Ismael.
Le fils d’Abraham était un type qui devait agréer à la race guerrière des