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5. Le but que touchent les adeptes du sâṃkhya est également atteint par ceux du yoga. Sâṃkhya et yoga ne sont qu’un ; qui reconnaît cela, voit juste.

6. Mais, en dehors du yoga, le détachement, ô guerrier aux grands bras, est malaisé à obtenir ; voué au yoga, l’ascète rapidement atteint Brahman.

7. Celui qui, voué au yoga, est pur, maître de soi, tient ses sens soumis, pour qui son âme se confond avec l’âme de tous les êtres, même s’il agit, n’est pas souillé.

8. L’adepte du yoga est fondé, en vérité, à estimer qu’il n’agit pas. Qu’il voie, qu’il entende, qu’il touche, qu’il sente, qu’il mange, qu’il marche, qu’il dorme, qu’il respire,

9. Qu’il parle, qu’il lâche ou qu’il appréhende, qu’il ouvre ou ferme les yeux : tout cela, ce sont pour lui les sens réagissant au contact des objets sensibles.

10. Celui qui, fondant en Brahman[1] tous les

    prétendu conclure que « sâṃkhya » et « yoga » seraient ici deux systèmes fondus dans une même orientation spéculative. Rien de pareil ; ce sont deux voies, l’une intellectuelle, l’autre pratique, donc parfaitement distinctes, mais qui sont données comme convergeant vers un but commun, la délivrance ou le salut.

  1. C’est-à-dire pour qui les actes n’ont rien de personnel, mais, du fait de son détachement parfait, retombent dans l’indétermination de l’universel Brahman.