Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pouvoirs magiques, les hommes dont l’esprit est égaré par elle, ne sauraient réaliser dans la contemplation la vérité sûre d’elle-même.

45. C’est le domaine sensible des trois guṇas[1] qui est l’objet des vedas ; affranchis-toi, ô Arjuna, du domaine des trois guṇas ; demeure supérieur à toutes les sensations, de volonté inébranlable, indifférent à la richesse, maître de toi.

46. Un réservoir est abondant où l’eau afflue de tous les côtés ; de même un brâhmane éclairé fait son profit de tous les vedas.

47. Ne te préoccupe que de l’acte, jamais de ses fruits. N’agis pas en vue des fruits de l’acte ; ne te laisse pas non plus séduire par l’inaction.

48. N’agis qu’en disciple fidèle du yoga, en dépouillant tout attachement, ô Dhanañjaya, en restant indifférent au succès ou à l’insuccès : le yoga est indifférence.

49. Car l’acte, ô Dhanañjaya, est inférieur infiniment au détachement intérieur ; c’est dans la pensée qu’il faut chercher le refuge. Ils sont à plaindre ceux qui ont le fruit pour mobile.

  1. Les trois « guṇas », c’est-à-dire tout l’ensemble du monde sensible et vivant qu’embrasse la prakṛiti (l’universalité des choses sensibles), laquelle est représentée comme constituée par trois éléments sattva, rajas et lamas, auxquels la suite va nous ramener.