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l’action de la classe sacerdotale, il s’opéra, tant avec ses notions héréditaires[1] qu’avec les essais de la réflexion libre, le mélange ou, pour mieux dire, le tassement de deux nouveautés capitales : le dogme de la transmigration qui avait fini par s’imposer à tous, et une vive poussée de monothéisme qui se lia à l’éclosion, au développement dans la conscience populaire, de divers personnages divins. Elle n’apparaît guère comme un effort de pensée raisonnante. Elle est essentiellement la combinaison, moins organique qu’extérieure et verbale, d’apports d’origines diverses. Les actives communications d’écoles les rapprochaient ; une ardente mysticité s’empressait à en harmoniser les dissonances. L’économie du salut dominait tout. L’orthodoxie sacerdotale, si morcelée dans ses organes, trouvait d’ailleurs satisfaction dans le domaine éminent qui restait acquis à ses traditions, à ses pratiques, à ses privilèges.

  1. On reconnaîtra, je pense, de plus en plus, combien de rêveries et de formules traditionnelles, mythiques même, ont réagi sur la réflexion et s’y sont mêlées. C’est ce dont j’ai essayé de dégager un exemple en signalant dans la théorie des trois guṇas un prolongement de la vieille image védique des trois mondes. Il est clair qu’une esquisse moins sommaire que cette notice ne devrait pas manquer de dresser et de suivre — dans la double série ritualiste et mythologique — la liste des notions ou des images (karman, brahman, vidyâ, etc. ; guṇas, purusha, mâyâ, etc.) qui ont joué un rôle plus ou moins actif dans la vieille spéculation.