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moindre prix, remonte à une période plus primitive de syncrétisme spontané.

Il n’apporte pas un dogme serti dans des enchaînements rationnels. La Bhakti n’est pas une thèse philosophique ; c’est l’expression passionnée d’un culte personnel ; il ne se propose pas de la démontrer ; il la superpose à une tradition religieuse qui doit lui faire piédestal. À cette piété, tout est bon qui magnifie son objet.

On reconnaît là, précisée en une application définie, une tendance monothéiste qui se fait jour en bien des manières. N’est-ce pas elle qui, ailleurs encore, subordonnant l’Être un et universel lui-même, le Brahman des upanishads, à une notion réputée supérieure, la présente — elle « vingt-sixième » — comme une catégorie suprême par delà le terme le plus élevé de l’échelle sâṃkhya ? qui couronne le yoga athée du personnage aussi honoré qu’illogique d’Îçvara ? N’est-ce pas elle, aussi, qui, pénétrant dans le Bouddhisme, accorde à l’acte de dévotion le plus simple, s’il s’adresse au Seigneur Buddha, une efficacité qui, raisonnablement, devrait être réservée à la pratique héroïque du devoir moral ?

Ce mouvement remonte, je crois, très haut ; de bonne heure, il exerça une action étendue et puissante.

La « philosophie épique » résume, tel que, sous