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refuse guère à associer, elle en ajoute un : c’est la croyance, la dévotion, l’abandon absolu à Kṛishṇa-Vâsudeva. Sous le titre de Bhagavat, Kṛishṇa est pour elle le Dieu suprême de qui la faveur assure le seul vrai bien — au sentiment de la tradition brâhmanique — l’union totale en l’Être absolu auquel la secte l’identifie. C’est, d’un seul mot, la Bhakti[1].

Cette doctrine a, dans l’Inde, une longue histoire. Depuis l’Épopée jusqu’à nos jours, elle y forme un grand courant ininterrompu, encore que canalisé en bien des branchements. Elle s’est tournée vers des personnalités divines variées. Elle s’est adressée parfois à Çiva ; cependant, dès les origines, ses attaches les plus stables sont avec Nârâyaṇa-Vishṇu et les personnages divins comme Vâsudeva-Kṛishṇa qui se sont fondus dans le cycle vishṇouite. Sur ce thème, des écoles successives brodèrent plus d’une variation légendaire ou théologique ; tels les Pânčarâtras, qui ajustent en combinaisons artificielles des personnages mythiques et des conceptions abstraites. Ce sont fantaisies scolastiques et produits d’un âge plus récent. Notre poème, et ce n’est pas son

  1. Il y a apparence que l’affectation du mot à un culte qui a un « bhagavat » pour objet a été favorisée par la présence dans les deux termes du même support, le verbe bhaj.