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forcèrent la forteresse des croyances et de l’organisation sociale propres à la primitive culture âryenne. C’est le temps où l’épopée se meut ou plonge ses racines. Là fermentent les éléments d’où rayonneront soit, sous leurs formes initiales, les sectes réputées orthodoxes, soit telle religion, comme le bouddhisme, qui, en rompant avec le ritualisme et la primauté brâhmaniques, se rejette formellement dans l’hétérodoxie.

La foi à la transmigration est universellement acceptée ; elle domine pratiquement tous les esprits ; elle pénètre toutes les écoles. Pour tous, il s’agit de se libérer de ce retour éternel à des existences sans fin, d’assurer le « salut » (moksha). C’est le problème de la délivrance ; l’objet est commun à tous, diverses les voies qui y mènent.

La classe sacerdotale tend à réserver ce privilège à l’accomplissement des rites dont elle a le dépôt. Plusieurs préconisent la pratique d’austérités auxquelles, sans doute sous l’influence persistante de vieilles notions magiques, on attribue une puissance supérieure à la résistance même des dieux. Puis, c’est le pouvoir merveilleux de la gnose (jñâna), connaissance de la vertu du sacrifice, connaissance surtout des intuitions transcendantes qu’exaltent les plus anciens livres qui proclamèrent l’unité en Brahman ; une vision qui paraît avoir, de très bonne heure, enchanté et