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l’Âme universelle. C’est bien ainsi, quelle que soit, au vrai, son origine, historique ou mythologique, quelles qu’aient été les étapes de cet avènenement, que Kṛishṇa-Vâsudeva nous apparaît, dans la plus grande partie du Mahâbhârata, s’épanouissant — soit directement, soit par identification avec Nârâyaṇa-Vishṇu — en divinité suprême. À une certaine époque, ses fidèles constituèrent une religion à eux ; l’épithète de Bhagavat spécialement attribuée à leur dieu leur valut le nom de Bhâgavatas, « adorateurs de Bhagavat ». La Bhagavadgîtâ représente le texte fondamental de la secte.

Tel qu’il nous est parvenu, avec ses cent mille strophes et ses disparates de toutes sortes, le Mahâbhârata ne peut passer pour l’œuvre d’un homme, ni même d’une génération. On a, pour en expliquer la composition, proposé plus d’un système. Il est clair, tout au moins, que c’est de la classe savante que le thème, d’essence héroïque, a reçu sa forme définitive. Les éléments multiples qu’il paraît avoir absorbés ont pu s’y introduire à des époques diverses. Toute chronologie est, dans l’Inde, fâcheusement flottante, surtout pour les périodes antérieures aux premiers synchronismes que fournissent, à la fin du ive siècle avant Jésus-Christ, les témoignages helléniques. Combien l’incertitude coutumière ne s’aggrave-t-elle pas en