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richir de tout un trésor de légendes pieuses ou guerrières, rattachées à la donnée principale par des liens souvent très ténus ; elle s’est ouverte à des développements religieux, didactiques, si vastes, qu’ils ont donné prétexte à la considérer comme étant, d’origine et de plan prémédité, une sorte de Corpus de la religion, de la morale et du droit. La Bhagavadgîtâ ou « Chant du Seigneur » — plus complètement la « Bhagavadgîtâ upanishad », « la doctrine exposée par le Seigneur » — est un de ces épisodes.

Déjà les deux armées sont rangées en ordre de bataille ; Arjuna veut considérer les chefs contre lesquels il va avoir à engager la lutte ; il se fait mener devant les lignes. Le conducteur de son char de guerre est Kṛishṇa, son parent, de la lignée de Yadu. Le dialogue qui se déroule à ce moment entre les deux héros forme le cadre du poème. Le roi Dhṛitarâshṭra est aveugle ; son cocher, Sañjaya, a reçu le privilège de se transporter instantanément sur tous les points du champ de bataille, de ne rien perdre de ce qui s’y passe. C’est lui qui rapporte l’incident au vieux souverain enfermé dans sa nuit.

Kṛishṇa entre en scène comme compagnon d’Arjuna ; mais aussitôt il se manifeste en maître religieux ; il se transfigure en entité divine ; le moment d’après, il s’affirme le dieu unique, identique à