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19. Ainsi mécaniquement, ô fils de Pṛithâ, toute la foule des êtres, indéfiniment ramenée à I’existence, se dissout à la tombée de la nuit, renaît au lever du jour.

20. Mais, par delà cette indétermination[1], est une autre essence, entité indéterminée, éternelle, qui, tous, les êtres disparaissant, elle, ne disparaît pas.

21. C’est l’« Indestructible ». C’est lui qui est marqué comme le but suprême, celui d’où l’on ne revient pas ; c’est là mon siège suprême.

22. C’est, ô fils de Pṛithâ, ce suprême Purusha qu’on ne peut atteindre que par un attachement exclusif, le Purusha qui embrasse tous les êtres, par qui a été déployé l’univers.

23. Et maintenant, à quels moments les yogins quittent la vie, soit sans retour, soit pour y revenir, je vais te l’enseigner, ô Bhârata.

24. Feu, lumière, jour, quinzaine claire, semestre ascendant du soleil vers le nord, c’est sous ces

  1. Avyakta, littéralement « l’indistinct, l’indiscriminé » ; c’est un des noms que l’on donne à la prakriti dans son état primitif et, en quelque sorte, chaotique. On voit ici avec évidence que ces notions réputées spéculatives sur l’origine des choses reposent, au moins pour une part, sur l’arrière-plan des conceptions mythiques et construisent la genèse première à l’image de l’origine quotidienne du cosmos sortant au matin de la nuit et y retombant le soir.