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Tourny, où il m’avoit fait préparer un appartement délicieux.

Je trouvai donc un entreteneur à qui j’aurois dû pardonner d’être plus âgé que moi, puiſqu’il m’aimoit ſincérement, & qu’il fût le ſeul de tous les hommes que j’ai connu qui m’ait juré une paſſion ſolide, & qui ſe ſoit attaché à moi pour moi-même : malheureux ! il méritoit un meilleur traitement.

J’étois partie de mon village avec une dignité qui en impoſoit à ſes ſtupides habitans ; je portai l’orgueil juſqu’à ne pas faire mes adieux à cette cave chérie qui avoit reçu ma première offrande à l’amour ; je ne vis pas même celui qui m’avoit ouvert la carrière des plaiſirs ; je fus quelques jours enivrée de ma gloire ;