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Abrégé de la Grammaire wallonne et française.

Les substantifs propres n’ont que le caractère d’une extrême précision ; les noms communs ont des fonctions bien plus importantes à remplir : tour-à-tour agens et tributaires, ils se prêtent un mutuel secours pour obéir aux vues de l’esprit : ils nous représentent les êtres revêtus d’une qualité commune, accessoire, ou abstraite ; nous les voyons modifier les espèces, le genre, le nombre, exprimer un tout dans un objet, une partie par un mot, borner ou étendre la compréhension de l’idée.

Adjectif.

Les premiers noms furent, sans contredit, de véritables onomatopées ; mais l’Homme était formé pour étendre la sphère de ses connaissances ; bientôt il gravita vers la perfection. Après avoir donné des noms aux êtres et aux choses, il reconnut la nécessité de les qualifier ; et pour les qualifier il inventa un mot nouveau ; nous l’avons nommé adjectif : il se joint au substantif par apposition et par attribution, en s’accordant en genre et en nombre avec le nom qui le régit. Le nom concret a-t-il précédé le substantif commun ou appellatif ? La réponse à cette question est résolue quand on a dit : ajouté au substantif.

Pronom.

De même que dans les autres parties du discours, les grammairiens sont divisés sur la nature et le nombre des pronoms : leurs divers systêmes conduisent à des discussions oiseuses qui tuent la science. Sans doute, une classification philosophique est réclamée par tous les bons esprits ; mais nous devons l’attendre de l’Aréopage littéraire, seul juge compétent dans une matière aussi importante.

Le pronom personnel singulier, n’est rien autre qu’un nom propre déguisé sous la figure de je, moi ; tu, ou toi ; il ou elle. Le pronom personnel pluriel tient dans la proposition la place du substantif ; et comme lui il est, sujet, objet, ou terme. Ces petits mots remplacent souvent, avec beaucoup de précision, des dénominations bien pompeuses

Verbe.

Quelle richesse d’acceptions nous offrent les modifications du mot appellé verbe ! ce Protée prend toutes les formes pour rester fidèle au sentiment. Interprète de l’Être physique et moral, il réfléchit nos actions, nos pensées, les plus secrètes opérations de notre esprit. En répondant à l’acte du jugement par ses combinaisons diverses, et ses nombreuses terminaisons, il rend sensible les nuances les plus fugitives.

Que MM. de Port-Royal disent que le verbe est un mot qui marque affirmation ; que Monsieur l’abbé Girard nous apprenne qu’il exprime l’événement, que d’autres nous assurent qu’il marque l’attribution ; dans toutes ces acceptions nous ne voyons que le nombreux cortège qui doit accompagner le verbe.

Un passé, un présent, et un futur, forment la principale division des verbes, les autres tems appelés relatifs, se reconnaissent géné-