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et française.

Tous les adjectifs, qui prennent l’inflexion du genre ont un e final pour distinguer le féminin : jolie et posée.[1]

Quelques adjectifs n’ont pas de singulier : choraux, floraux, etc.

Plusieurs noms appartiennent aux deux genres : il est sage et modeste, elle est sage et modeste.

Les adjectifs chatain, dispos, fat, n’ont pas de féminin.

Placés devant un substantif, vu, attendu, excepté, passé, supposé, restent invariables : ces mots sont alors des véritables prépositions.

Les adjectifs cutané, igné, instantané, momentané, simultané, spontané, s’écrivent encore, par quelques-uns, avec deux e au masculin : corps ignée. On commence à faire justice de cette disparate étymologique, qui blesse les vues de l’esprit.

L’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec son substantif : un homme aimable, des amans fidèles : une femme constante, des femmes coquettes.

Si l’adjectif se rapporte à deux substantifs de différens genres, on le met au pluriel et au masculin : Votre père et votre mère sont caressans. Mais si le pronom ou l’adjectif suit immédiatement deux substantifs de choses, il s’accorde en genre et en nombre avec le dernier : Cet homme s’exprime avec un goût et une finesse exquise.

Des adjectifs possessifs.[2]
Singulier masculin.
Mi ou mu Mi c’hvó mon cheval.[3]
Ti ou tu Ti bohtai ton étui
Si ou su Si maneg son menage
Noss Noss corti notre jardin
Voss Voss mohonn votre maison
Leu Leu clichet leur tombereau

Les adjectifs possessifs wallons ci-dessus sont aussi les équivalens des adjectifs féminins singuliers : ma, ta, sa. Noss, voss, se modifient devant une voyelle : noss-tefan, voss tefan : notre enfant, votre enfant.

  1. Cette règle est commune à ses six adjectifs, quoiqu’ils soient terminés au masculin par deux e : agréé-e, créé-e, dégréé-e, recréé-e, suppléé-e.
  2. La plupart des grammairiens les nomment pronoms.
  3. Par un raffinement de politesse, beaucoup de wallons disent mu mon pèr, mu mon frér, mu ma seûr, etc. : mon mon père, mon mon frère, ma ma sœur. Si beau est synonime d’absurde, l’expression est sublime. Condamnant ce pléonasme vicieux devant un homme de mérite, il me dit c’est l’usage. N’en déplaise à l’homme d’esprit, l’usage ne peut légitimer l’extravagance. Chaque département, en France, a des usages désavoués par le goût et les loix du langage : je pourrai en citer mille ; cette seule anecdote suffira pour étayer une vérité généralement reconnue :

    Dans plusieurs provinces les français disent j’ai é u, pour j’ai eu (u). Quelqu’un disait un jour, à Mr. de Bouflers : « Vous avez é u ma sœur dans votre société. Pourquoi pas, répondit le Poëte : Jupiter a é u i o dans la sienne.