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constructions n’a pas été conforme au bon esprit avec lequel les autorités décidèrent de les construire. Sans considération, sans pitié, ils ont eu recours aux lois pour l’expropriation de terrains. Les Coréens visés ont été contraints d’abandonner leur patrimoine presque pour rien. Bien souvent ils ont été forcés de travailler à la construction de ces routes sans être payés. Sans qu’on ait tenu compte des jours qui pouvaient être incommodes aux pauvres ouvriers non payés, ils doivent, et ceci est pire, travailler le jour convenant aux autorités. » L’esprit caractéristique dans lequel se font les constructions des routes et les travaux de cultures est le suivant quels que soient les dommages ou les injustices, commis envers le peuple, les plans sont établis, les ordres donnés, les gens convoqués, on leur ordonnera de commencer le travail. À leurs plaintes on répond par des semences ; à leurs supplications, par des coups de fouet, et ceux qui résistent sont tout simplement mis en prison. Résultat : on construit les routes pour permettre aux troupes Japonaises un déploiement facile, et une marche plus commode dans le pays pour opprimer les constructeurs de ces routes. De nombreuses familles meurent de faim, même un visiteur de hasard ne peut s’empêcher de remarquer la triste situation des habitants de village en village.

CARTE II
CARTE DE L’EXTRÊME-ORIENT
indiquant l’expansion impérialiste japonaise


La Politique d’assimilation.

Dans ces conditions, la politique d’assimilation tant vantée n’est certainement qu’une phrase creuse. Depuis l’administration de Terauchi, qui a proclamé la politique d’assimilation plus bruyamment qu’un autre, les Coréens sont bien plus opprimés que jamais et la politique d’assimilation est maintenant devenue une tâche impossible. Bref, pour citer encore une fois le Dr Yoshino, « les autorités Japonaises ordonnent aux Coréens de s’assimiler aux Japonais, corps et âme leur disant en même temps de ne pas espérer le traitement dont jouissent les Japonais.

Rien ne peut être plus contradictoire. En vérité ces chefs sont plus insensés qu’un homme qui monte sur un arbre pour prendre des poissons. Dans ces circonstances, il n’est rien d’étonnant à ce que les Coréens, plus ils sont éduqués, deviennent anti-Japonais ; en conséquence il semble que les autorités commencent à avoir des doutes sérieux sur la sagesse d’éduquer davantage, ou même un peu les Coréens… On leur enseigne (aux élèves Coréens) à respecter la Maison Impériale du Japon comme si c’était la leur, à chanter le « Kimigayo » (l’hymne national du Japon), à être fiers du drapeau du Soleil Levant, à apprendre par cœur la géographie et l’histoire du Japon, etc. Avec tout cela, sont-ils traités comme le peuple du Japon ? Non ! ils ne sont ni socialement, ni légalement sur le même pied que les Japonais. Il y a entre les deux une différence tant au point de vue officiel que privé ! Il est maintenant évident que le Japon a plutôt l’intention d’opprimer que d’assimiler le peuple Coréen. Cette oppression est non seulement contraire aux intérêts de l’oppresseur lui-même, mais elle empoisonne directement le caractère et le développement du peuple ; c’est un fait souvent démontré par l’histoire. Même si le Japon veut une assimilation réelle, il est douteux que cette assimilation par pure force soit juste au point de vue humanitaire. La partie essentielle de la conception d’assimilation, c’est la volonté d’être pareil au peuple dont on admire les modes de vie. Possédant pour la nouvelle culture venant d’Europe et d’Amérique la même admiration que le Japon, le peuple de la Corée, a quelque répugnance contre l’esprit militaire et commercial du Japon : la Corée aurait évolué différemment si on l’avait laissée seule, sans entraver sa politique intérieure, comme le Japon l’a fait depuis la guerre avec la Chine. Tous ceux qui se sont familiarisés avec les problèmes politiques de l’Orient, qu’ils soient des Japonais ou des Chinois intéressés, des Américains ou des Anglais désintéressés, tous sont d’accord pour conclure que l’assimilation du peuple Coréen est impossible par la méthode existante de politique coloniale Japonaise et qu’il est inutile de compter sur un résultat devenu impossible. (Mr. Walter Weyl qui a fait une enquête personnelle sur le problème en Corée a écrit dernièrement dans le numéro de mars du « Harper’s Magazine » pour montrer clairement que l’assimilation ou dénationalisation de la Corée par le Japon est impossible.) Le Japon devra gouverner la Corée par la force seule et, gouverner par la force un peuple de 19 millions, dont l’aspiration à l’indépendance sous l’oppression Japonaise s’accroît de plus en plus, c’est une tâche désespérante.

Les Coréens ne reconnaissent pas comme légitime et valide leur annexion. La déclaration Japonaise que la Corée a été annexée d’après le désir exprès du peuple ne change rien du fait que l’annexion lui a été imposée par la force militaire, et que tous les ministres Coréens qui ont signé le traité n’ont pas été les représentants légitimes du peuple Coréen, ils n’ont été absolument les représentants de personne. C’est pourquoi l’annexion fut formellement illégale.

L’annexion a été imposée pour deux raisons, comme l’ont déclaré dans leur proclamation Sa Majesté l’Empereur du Japon et le premier Gouverneur Général du temps de l’annexion, c’est-à-dire : 1o Dans l’intérêt de l’Empire Japonais ; 2o dans l’intérêt du peuple Coréen. D’après tout ce que nous venons d’exposer dans les paragraphes précédents