fois ; pourquoi ne recommencerait-il pas ? Pas un de ceux qui résistaient à la volonté de Dai Nippon qui ne vit l’épée sur sa tête, et qui, cent fois, ce jour-là, n’entendît en imagination le fracas des obus Japonais.
« Ce soir-là, des soldats Japonais, baïonnette au canon, entrèrent dans la cour du palais et restèrent près de l’appartement de l’Empereur. Le marquis Ito arriva alors, accompagné du général Hasegawa, commandant l’armée Japonaise en Corée, et une nouvelle attaque fut entreprise contre les ministres.
« Le marquis demanda une audience à l’Empereur. L’Empereur refusa de la lui accorder, disant qu’il souffrait d’un grand mal de gorge. Le marquis pénétra alors jusqu’en présence de l’Empereur et réclama personnellement de lui une audience. L’Empereur maintint son refus. « Retirez-vous, s’il vous plaît, et discutez la question avec les ministres du Conseil », dit-il.
« Alors, le marquis Ito sortit et alla trouver les ministres. « Votre Empereur vous commande de conférer avec moi et de trancher le débat », déclara-t-il.
« Une nouvelle conférence fut ouverte. La présence des soldats, les éclairs des baïonnettes au dehors, les commandements brefs qu’on entendait à travers les fenêtres du palais n’étaient pas sans effet.
« Les ministres avaient lutté plusieurs jours ; ils avaient lutté seuls. Aucun représentant étranger ne leur avait offert aide ou conseil. Ils ne voyaient en face d’eux que soumission ou destruction. Des signes de fléchissement commencèrent à paraître.
« Le Premier Ministre effectif, Han Kew Sul, bondit sur ses pieds et dit qu’il allait se rendre auprès de l’Empereur, lui raconter le discours de traîtres. Han Kew Sul fut appréhendé par le secrétaire de la Légation Japonaise, jeté dans une pièce à côté et menacé de mort. Le marquis Ito alla même vers lui pour le convaincre. « Ne céderiez-vous pas, dit-il, si votre Empereur vous le commandait ? » — « Non, dit Han Kew Sul, pas même. »
« C’en était assez. Le marquis Ito alla sur-le-champ vers l’Empereur. Han Kew Sul est un traître, dit-il, il vous défie et déclare qu’il n’obéira pas à vos ordres. »
« Pendant ce temps, les autres ministres attendaient dans la salle du Conseil. Où était leur chef, l’homme qui les avait tous adjurés de résister jusqu’à la mort ? Les minutes se passaient et il ne revenait pas. Alors un murmure circula que les Japonais l’avaient tué. Les rudes voix des Japonais se firent plus stridentes. Toute courtoisie et modération furent abandonnées. Entendu-vous avec nous et soyez riches ; ou bien résistez-nous et périssez. »
« Pak Che Sun, un des hommes d’État Coréen, fut le dernier à plier. Mais lui-même finalement abandonna la lutte.
« Aux premières heures du matin, l’ordre fut donné que le Sceau de l’État soit apporté de l’appartement du ministre des Affaires étrangères et qu’un traité soit signé. Une difficulté nouvelle surgit alors. Le garde du sceau avait reçu antérieurement des ordres de ne livrer le sceau sous aucun prétexte, même si son maître le lui commandait. Quand des ordres lui furent envoyés par téléphone, il refusa d’apporter le sceau et il fallut que des messagers spéciaux lui fussent envoyés pour le lui prendre par la force.
« L’Empereur lui-même affirme à ce jour qu’il n’a pas consenti. »
« Un journal de Séoul, le Whang Sung Shinmum fit paraître un récit véridique de ce qui s’était passé. Le journal fut immédiatement supprimé et son éditeur jeté en prison, mais dans son dernier numéro, il exprima la plainte de la Corée apprenant la signature du traité, en écrivant ce paragraphe final :
« “Est-ce la peine, pour aucun d’entre nous, de vivre plus longtemps ? Nos hommes sont devenus les esclaves d’autres hommes et l’esprit d’une nation qui fut indépendante pendant 4.000 ans, depuis les jours de Tan Kun et de Ke-ja, a péri en une seule nuit. Hélas, ô compatriotes, hélas !” »
Voici le traité :
Les gouvernements Japonais et Coréen, désireux de renforcer l’identité des intérêts qui unissent les deux Empires, et ayant le même but en vue, se sont accordés sur les articles suivants qui auront force contraignante jusqu’à ce que la puissance et la prospérité de la Corée soient reconnues pleinement établies :
I. Le gouvernement Japonais, représenté par le ministère des Affaires étrangères de Tokio, aura dorénavant le contrôle et la direction des relations et intérêts de la Corée à l’étranger ; des représentants diplomatiques et des Consuls Japonais protégeront les intérêts et les sujets Coréens à l’étranger.
II. Le gouvernement Japonais prendra sur lui la charge d’exécuter les traités existant entre la Corée et les pays étrangers, et le gouvernement Coréen s’engage à ne négocier aucun traité ou accord de nature diplomatique sans l’intermédiaire du gouvernement Japonais.
III. a) Le gouvernement Japonais nommera sous Sa Majesté l’Empereur de Corée un résident général pour le représenter, qui séjournera à Séoul pour administrer principalement les affaires diplomatiques, avec la prérogative d’avoir avec Sa Majesté des audiences privées.
b) Le gouvernement Japonais est autorisé à nommer un résident dans chaque port ouvert de Corée, et dans les autres lieux où la présence d’un tel résident est jugée nécessaire. Ces résidents, soumis au contrôle supérieur du Résident général, administreront toutes les charges appartenant jusqu’ici aux Consulats Japonais en Corée ainsi que toutes|90}}