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JANNETTE

Rue Saint Nicaise, n° 4.

Oh ! Jannette, pourquoi quitter le séjour paisible du village pour habiter la ville ? Vos appas, quoique naissants, ne peuvent séduire tout au plus qu’un roturier, et non nos libertins policés : il faut pour plaire des grâces que vous n’avez point ; de l’esprit vous n’en avez point ; un air doux, aimable, séduisant ; en un mot, l’art de charmer les sens pour inspirer une passion brûlante.

Le désir est au village, le plaisir est à Paris ; il vaut mieux être idolâtrée, chérie au village, séjour paisible de l’innocence, que rebutée dans un pays où la perversité des hommes est à son comble, où l’intrigue est le mobile de leurs actions : le désir de tromper est chez eux une louange.

Fuyez, fuyez ; retournez au hameau ; ne vous faites point illusion du mérite des Grands : c’est un éclair qui ne brille qu’un instant. Écoutez mon avis, il est sage et prudent. Mon conseil vaut ce qu’un amateur vous donnera.

En attendant, recevez trois francs pour les frais de voyage.


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