Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/73

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là le Notus pousse les flots puissants à la gauche du promontoire de Pheste ; là une si petite pierre arrête de si grandes vagues. C'est sur cette plage qu'arriva une partie de la flotte. Les hommes n'échappèrent qu'avec peine au trépas ; mais les navires, poussés par les eaux, se brisèrent contre les rochers, et cinq vaisseaux à la proue azurée[1] furent seuls portés vers l'Égypte par les vents et par les ondes. Tandis que Ménélas, amassant de l'or et des richesses en abondance, errait avec ses navires parmi des hommes au langage étranger, Égisthe portait la désolation dans la demeure d'Atride, tuait ce héros et forçait le peuple à lui obéir. Durant sept années il régna sur l'opulente Mycènes ; mais pour sa ruine, le noble Oreste, dans la huitième année, revint d'Athènes et immola le perfide Égisthe, qui avait tué le père de ce héros. Puis Oreste donna aux Argiens le repas funèbre d'une odieuse mère et du lâche Égisthe. Le même jour Ménélas à la voix sonore[2] revint dans sa patrie apportant autant de trésors qu'en pouvaient contenir ses vaisseaux. — Et toi, mon ami, n'erre pas plus longtemps loin de tes foyers, puisque tu as laissé dans ton palais tes richesses, et des hommes arrogants, de peur que les prétendants ne se partagent tes biens pour les dévorer ; alors tu aurais fait un voyage inutile. Maintenant je vais te donner un conseil. Je t'engage à te rendre auprès de Ménélas, qui vient de quitter un pays lointain d'où n'espérerait jamais revenir quiconque, naviguant sur la vaste mer, eût été jeté en ces lieux par les tempêtes ; car les oiseaux même ne pourraient y retourner dans l'espace d'une année, tant cette route est longue et péril-

  1. Madame Dacier et Dugas-Montbel passent tous deux sous silence l'épithète κυανοπρωιρείους (vers299) ( à la proue azurée), qu'Homère donne aux navires. Les versions latines rendent νέας κυανοπρωιρείους par : naves coecruleis-proris. Voss traduit très-exactement l'épithète par blaugeschnabelt (à la proue bleue).
  2. Le texte grec porte βοὴν ἀγαθὸς Μενέλαος (vers 311) (Ménélas bon pour la voix dans les combats). Voss traduit parfaitement ce passage en disant : der Rufer im Streite, Menelaos (Ménélas, bon crieur dans les combats ). Madame Dacier et Dugas-Montbel écrivent improprement : vaillant Ménélas, et Bitaubé dit : brave Ménélas. Dubner, lui se règle peut-être trop sur la version latine de Clarke, a traduit négligemment ce passage par : bello strenuus Menelaus.