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bientôt vous-même) qui rassemble le peuple : c'est moi qui, plus que tous les autres, suis accablé par la douleur. Je n'ai point entendu dire que l'armée fût de retour ; mais je vous ferai connaître cette nouvelle si je l'apprends le premier. Je ne veux pas non plus vous instruire, ni parler de quelque intérêt public ; car il s'agit de ma propre détresse : un double malheur pèse sur ma famille. J'ai perdu d'abord le bienveillant auteur de mes jours, Ulysse, qui jadis régnait sur vous comme le père le plus tendre. Un autre désastre, non moins terrible, détruira bientôt tous mes domaines et consumera entièrement mes richesses.



Le dieu qui rassemble au loin les nuages lui dit :

Les prétendants, fils chéris des hommes les plus puissants, sollicitent, contre son gré, la main de ma mère. Ils craignent encore d'aller dans la maison de son père Icare [1], afin qu'il dote sa fille et l'accorde à celui qu'elle aura choisi et qui lui plaît le mieux. Ils passent toutes leurs journées dans notre palais, égorgent nos bœufs, nos brebis et nos chèvres

  1. Selon Pausanias (lib. III, c. 20), Icare était Lacédémonien. Aristote (De Art. Poet. , c. 26) dit au contraire qu'il était de Cephalènie. D'autres critiques vont plus loin, dit Dugas-Montbel (Observ. sur l'Odyss., ch. II), et soutiennent que non seulement Icare n'était pas de Sparte, mais qu'il habitait Ithaque. En effet, Télémaque dit ici εἰς οἶκον, dans sa maison ; et si son