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À ces mots, tous compriment leurs lèvres avec dépit et s'étonnent du langage audacieux de Télémaque.

Antinoüs, descendant d'Eupithée, dit au fils de Pénélope :

« Télémaque, ce sont les dieux, sans doute, qui t'ont appris à nous traiter avec tant de hauteur, et à nous parler avec une telle assurance. Puisse le fils de Saturne ne jamais t'établir roi dans l'île d'Ithaque, malgré les droits que tu tiens de ton père !»


Le prudent Télémaque réplique aussitôt :

« Antinoüs, t'irriteras-tu de ce que je vais te dire ? Si telle est la volonté de Jupiter, j'accepterai le sceptre. Penses-tu qu'entre les hommes ce soit un don si funeste ? Non, ce n'est point un malheur d'être roi ; car tout à coup les palais d'un roi se remplissent de richesses, et lui-même est comblé d'honneurs. Certes, dans l'île d'Ithaque il existe un grand nombre de chefs achéens, de jeunes gens et de vieillards, dont l'un peut obtenir la puissance suprême puisque le divin Ulysse n'existe plus. Mais dans mes palais je serai roi et je gouvernerai les esclaves que mon noble père a conquis pour moi. »