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d’alors s’abritait dans les couvents. Parmi les boyars eux-mêmes on pouvait rarement rencontrer un lettré capable de signer son nom ; encore les lectures de ceux qui recevaient quelques éléments d’instruction, se bornaient-elles aux livres saints et autres biographies des saints et des saintes. Les nouvelles des événements les plus importants dans la vie nationale, des faits d’actualité ou des choses vécues se transmettaient de bouche en bouche, colportés à travers le pays d’une ville à l’autre et de village en village par des pèlerins ou encore par des mendiants sillonnant le pays, trouvant l’hospitalité chez les habitants chaque fois qu’ils venaient frapper à leur porte.

Bien que dans ces temps ténébreux le peuple russe ait été plongé dans l’ignorance complète, il jouissait néanmoins de toute sa liberté. Des boyards siégeaient dans la Douma et les représentants du peuple, les Zemskié Loudis prenaient part aux délibérations des Zemskis Sobors convoqués dans des circonstances particulières afin de prendre une résolution dans les questions, que la situation grave imposait.

De cette manière, sous un régime plutôt patriarcal, un lien indissoluble s’était établi entre le peuple russe et son chef suprême. Or, élevés à cette hauteur par la volonté de la nation les premiers tsars élus et leurs successeurs par droit d’hérédité étaient tenus à présenter, à leur avènement sur le trône, la Zapis (message), qui était en quelque sorte un engagement vis-à-vis de la nation.

La pénible crise que la Russie traversait à la fin du XVIe au commencement du XVIIe ss. fut résolue (1613) par l’élection au Zemski Sobor du tsar Michel Fédorovitch fondateur de la dynastie Romanoff.

Sous le règne de ce jeune souverain pieux et bon, guidé par les sages conseils de son père le patriarche Philarète et secondé par la Douma des boyars, représentant un rudiment de la Chambre haute, le pays, après avoir été longtemps secoué par des troubles à l’intérieur, désolé par l’invasion d’un ennemi extérieur, trouva enfin l’apaisement tant souhaité et si nécessaire.

Et la légende du tsar bienfaisant apportant à son peuple ; la sollicitude d’un père, s’affirma dans les esprits.

Le fils du tsar Michel, Alexis Michaïlovitch qui lui succéda (1645-1676) prit le pouvoir dans les mêmes conditions. Ce fut