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le témoin indestructible ; n’obéissent-ils pas plutôt à ce sentiment inné de l’art qui a donné naissance aux Pyramides, au Parthénon, à Notre-de-Dame de Paris, à Saint-Pierre de Rome, à la colonnade du Louvre ?

D’ailleurs, au moment où une crise terrible pèse sur notre industrie métallurgique, où nos ouvriers sont sans travail, pourrions-nous hésiter ? Ce monument de fer, dont la dépense sera facilement couverte, donnera pour quatre ou cinq millions de travaux à notre industrie nationale ?

Enfin, à qui veut-on faire entendre que M. Eiffel, ingénieur, n’a pas le sentiment de l’art aussi développé que les honorables auteurs de la protestation.

À qui veut-on faire dire que les grands ponts du Douro et de Garabit construits par M. Eiffel, et qui font passer des locomotives à des hauteurs vertigineuses que les aigles seuls peuvent atteindre, présentent un cachet artistique moins complet, une réalisation moins grande que le Pont-Neuf par exemple, ce type des ponts solides… à la condition qu’on aille pas lui draguer maladroitement sous les pieds !

Heureusement les protestations sont désarmées le succès de la tour s’affirme chaque jour. Aujourd’hui M. Eiffel a cause gagnée. Son monument ne déparera pas Paris, il lui donnera un attrait de plus, il contribuera à lui maintenir son titre de grande capitale du monde.

Mais encore, si réellement la vue de cette pyramide gigantesque fait tache au milieu du grand Paris, du Paris monumental dont tous nous sommes fiers à égal titre, alors on la déboulonnera pour la transporter ailleurs, au rond-point de Courbevoie, par exemple,