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dès lors quelle œuvre plus artistique que la Tour Eiffel dont les lignes ont été arrêtées par le calcul c’est-à-dire par la loi de progression géométrique !

En fait d’architecture, l’art est la caractéristique d’une époque, d’un mouvement ou d’une génération dans l’esprit humain ; il marque les étapes et les évolutions successives de l’humanité ; procédant des grossiers tumulus en terre, il passe aux dolmens, aux pyramides, aux obélisques, pour arriver au Parthénon, au Colisée, puis à la Renaissance et à nos constructions modernes.

Or, qui sait si les prodigieux remueurs de pierres, qui ont élevé les pyramides, n’auraient pas souri de pitié à la vue des projets du Parthénon d’Athènes ! Si les artistes incomparables qui on conçu cette merveille des merveilles, n’auraient pas à leur tour critiqué l’art Gothique ? Si le cerveau puissant et inconnu dans lequel a germé Notre-Dame de Paris, n’aurait pas traité de fou l’architecte de la colonnade du Louvre ?

Qui peut nier aujourd’hui qu’une révolution s’opère dans les procédés de bâtir ?

La pierre et la brique, seuls éléments des constructions de l’Antiquité, cèdent de plus en plus le pas au métal. Le fer fondu ou forgé, épousant toutes les formes, offrant la plus grande résistance sous le moindre volume, tend à se substituer aux anciens matériaux de construction.

Est-il étonnant, dès lors, que les ingénieurs, qui assistent à cette révolution et qui la propagent, éprouvent le besoin d’élever un monument impérissable qui atteste cette transformation, qui en reste comme