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jusqu’à une ou deux heures du matin… Telle est la vie de chaque jour pour Claude Vignon !… Et cependant, elle trouve encore le temps de recevoir le mercredi et le dimanche soir, de paraître aux réceptions officielles, et d’avoir une maison admirablement tenue.

Pour compléter ce portrait d’une personnalité si intéressante, il faut ajouter que Claude Vignon a traversé les dernières années de l’empire dans un rayonnement de talent et de beauté. Elle est de haute taille, et depuis quelques années a pris un peu d’embonpoint. Sa tête est petite, les traits sont fins, éclairés par des yeux incomparables, puis une bouche ravissante, un sourire d’une grâce incomparable ; toute la bonté indulgente de ce noble caractère s’épanouit dans ce sourire de jeune fille, qui laisse apercevoir des dents !…, oh ! mais des dents merveilleuses ; ajoutez des pieds, des mains, des bras et des épaules, comme la Providence n’en devrait donner qu’à celles qui sont bêtes et laides pour les consoler.

Claude Vignon est Parisienne de naissance, comme elle l’est, d’esprit et de visage. Sa mère, admirablement belle aussi, appartenait à une famille de vieille noblesse ; son père joua dans l’opposition un rôle militant, à une époque où il y avait quelque courage à afficher des opinions républicaines.

Claude Vignon habite à Passy, rue de la Tour, près des fortifications, un hôtel charmant, dont elle est propriétaire et dont elle est l’architecte ; il y a une quinzaine d’années, les terrains appartenant à la ville, et situés dans ces lointains parages, ne trouvaient guère d’acquéreurs : on imagina de les vendre à des artistes, avec faculté pour eux, de les payer en peinture et en sculpture, destinés à des monuments publics. Ce fut ainsi qu’elle devint propriétaire rue de la Tour !…