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cesse}}. Il n’y avoit que lui qui put me rappeler ce qui m’étoit arrivé il y avoit alors dix-sept ans. L’impromptu ne pouvoit être que de lui. Je sors du cours, je vais à la porte d’un café, et j’écris ces quatre vers ; puis je retourne au cours, et je les donne à la reine.

Je signe à la sentence, adorable déesse ;
Mais de ma mort laisse-moi donc le choix.
Mon crime en bon chrétien au guerrier je confesse :
J’expirerai content, mais sur la sainte croix.

Le second jour de carême j’ai reçu de la supérieure tous les papiers qui m’étoient nécessaires pour le mariage de Scolastique, et la princesse et le cardinal firent si bien qu’elle sortit du couvent après Pâques, et elle se maria.

Le premier dimanche de carême la marquise d’Aoust me donna à diner avec le florentin XXX, qui me déclarant ses bonnes intentions pour Armelline n’eut pas de difficulté à me persuader à devenir moi-même le principal personnage qui dans cette affaire lui tiendroit lieu de père. J’ai tout fait en huit jours. Il lui fit une dot de 10.000 écus qu’il déposa à la banque de Saint-Esprit, et après Pâques il l’épousa, puis il la mena avec lui à Florence, et de là en Angleterre, où elle vit heureuse.

Ce fut à cette occasion que je me suis présenté au cardinal Orsini, qui étant prince de l’Académie des Inféconds me procura l’honneur d’en devenir membre. Il m’engage à réciter une ode à l’honneur de la passion de N. S. Jésus-Christ à la première assemblée qu’on devoit tenir le vendredi saint. Pour composer cet ode, je me suis déterminé d’aller passer quelques jours à la campagne, et j’ai choisi Frascati, où j’ai cru de pouvoir vivre en solitaire. J’avois donné parole à Mariuccia de lui faire une visite. Elle m’avoit assuré que je serais content de connoître sa famille et j’en étois curieux. Je suis parti trois semaines avant Pâques ; je suis arrivé à Frascati sur la brune, et le lendemain ayant envoyé chercher un perruquier, j’ai vu à ma présence le mari de Mariuccia qui me reconnut d’abord.

Après m’avoir dit qu’il négocioit en grains, qu’il étoit très bien en ses affaires, et qu’il ne faisoit le métier de perruquier que pour son plaisir, il m’offrit une chambre, et fort modestement il m’invita à diner. Ma surprise fut extrême, quand il me