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Notes Wikisource : Les chapitres IV et V manquent dans l'original. Nous reproduisons ici les extraits publiés par Octave Uzanne dans L'Ermitage du 15 août 1906, pp. 80-90.


Papiers inédits

de

Jacques Casanova de Seingalt[1]


Les Mémoires

Extrait des chapitres quatre et cinq


Après l’opéra du dimanche gras, Armelline excitée par l’exemple de Scolastique se rend à ma tendresse ; et je jouis de nouveau de leur compagnie le dernier jour du carnaval pour la dernière fois, après avoir été sur le cours à cheval, habillé en pierrot, croyant de n’être connu de personne. Mais voici ce qui m’est arrivé. Je m’arrête devant un char de triomphe, et je reste surpris voyant un masque déguisé en guerrier dans le costume des anciens romains mettre sa main gauche sur les rênes de mon cheval, et donner de sa droite une plume et un papier à un masque femelle habillé en reine qui étoit près de lui. La reine écrit, remet le papier au guerrier, qui me le donne, et relâche en même temps la longe de mon cheval. Dans le même instant un prélude de musique se fait entendre et tous les masques du char lancent contre moi des poignées de dragées. Après cela on suit la marche en cadence. Je lis le billet ne m’attendant qu’à un pamphlet ordinaire ; mais je reste surpris lisant ceci :

Pierrot audacieux, tremble : voici ton sort,
Je t’ai sauvé de Muran à Venise ;
Mais cette nuit, je te condamne à mort,
Tu rendras l’âme en changeant de chemise.

J’ai d’abord deviné que le guerrier ne pouvoit être que le cardinal de Bernis, et la reine ne pouvoit être que sa belle prin- {{tiret2|prin|

  1. Voir l’Ermitage du mois d’Août