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parcellement de la nature en individus, la source de toute souffrance, de même qu’il considère la musique comme l’expression directe de la volonté, prise précisément au sens de l’instinct vital, obscur et profond. Tout au plus si ces théories prennent sous ses mains un coloris pan-esthétique. Il reste néanmoins une forte dose d’originalité dans ce livre étrange. Les hypothèses de Nietzsche ont toujours cet avantage d’être brillamment conçues et revêtues d’une poésie magique. L’inexpérience de l’auteur se fait jour quelquefois - lui-même en a convenu dans une préface appostee à l’œuvre seize ans après son apparition. D’un autre côté toute la fougueuse imagination de la jeunesse soulève le sujet, le grandit, donne des ailes aux idées. Peu importent d’ailleurs les violents parti-pris et les transpositions d’idées modernes dans ce thème antique. Le poète et le penseur nous intéressent suffisamment dans Nietzsche, pour nous faire passer sur les erreurs de l’historien.

Jean Morel.