Page:L’Ermitage, volume 29, 1904.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES ORIGINES DE LA TRAGÉDIE SELON NIETZSCHE, PAR JEAN MOREL.

Il semble que dans l’étude, aujourd’hui si répandue, des œuvres de Frédéric Nietzsche, la part n’ait pas encore été faite assez grande à ses œuvres de jeunesse. Ce sont elles, cependant, qui nous permettent d’observer la genèse de sa pensée. Nous y retrouvons en germe les qualités et les défauts de son âge mûr. Nietzsche connut à fond l’antiquité grecque. Ses jugements sur la civilisation, disons avec lui la culture moderne, ne basent pas sur autre chose. À mesure que les nations contemporaines lui semblaient se rapprocher de l’idéal hellénique, il les en estimait davantage.

C’est en 1871 que parut « la Naissance de la Tragédie ». L’auteur prenait comme point de départ le problème de la douleur. Pourquoi chez ce peuple heureux des Grecs, la naissance de l’art, cette vision complète où se réfugie l’homme fatigué de la réalité décousue, cette création