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afin que l'administration soit à portée de recevoir son avis s'il devenait utile de l'avoir, de ne le pas recueillir, si elle ne voyait pas d'utilité à l'offrir. La majorité a donné sa confiance aux ministres, c'est bien le moins qu'il y ait réciprocité; tout éclairés et bien disposés qu'ils soient, il y a plus de lumières dans la Chambre et plus d'autorité dans son vote, avec ou sans eux, qu'il n'y en a dans une fraction de la Chambre. Il n'y a pas à douter qu'en vue de résultats aussi grands, aussi immédiats, aussi propres à élever de suite la valeur des propriétés de chacun dans toute l'étendue des deux Canadas, mais plus particulièrement dans le Haut-Canada, comme le serait la réciprocité du commerce avec les États-Unis, beaucoup d'individus éclairés, dans cette assemblée et hors de cette assemblée, auront écrit à leurs amis dans les deux Chambres du Congrès pour les prier de prêter leur appui aux vues éclairées de leur secrétaire du Trésor, qui est entré avec tant d'ardeur, de génie, de succès dans la voie du libre commerce, et qui souhaite son extension particulièrement avec cette province.

C'est une conquête pacifique pour eux de nos ports, pour nous de ceux de Boston et de New York. Ces individus ne peuvent pas, ne doivent pas parler au nom du pays; le ministère s'interdit à lui-même et nous interdit la faculté de parler au nom du pays, si d'après l'action qui sera prise d'ici à peu de jours dans le Congrès, les avis des correspondants étaient que les résolutions des Chambres pourraient influer sur quelques individus, quand il pourrait suffire de cette légère influence pour donner la prépondérance à l'opinion la plus saine, comme le sont toutes celles qui sont favorables au plus grand degré de liberté politique ou commerciale, que l'on peut obtenir sans trop de sacrifice et de résistance. L'administration pourrait en ce cas recevoir un appui utile à ses vues, conforme à ses voeux et à ceux du pays. Faut-il s'en priver par la considération de la dépense qu'entraînera la réunion des Chambres, ou par celles des demandes d'argent que feront les comités spéciaux pour leurs mesures locales et favorites? Cela ne peut plus inspirer de crainte, parce que, quelles que soient la soif et la faim des demandants, il ne reste plus rien pour les abreuver ni les rassasier. Réponse péremptoire à quelque convoitise que ce soit. Puis en outre, d'après l'une des fautives dispositions du très vicieux acte d'Union, les ministres savent bien que, sur les octrois des deniers publics, la Chambre n'a pas d'initiative; que son octroi ne peut commencer qu'après leur délibération et leur assentiment. Qu'il est de leur devoir d'attendre que toutes les demandes, qui pourront être formulées dans une session, soient soumises ensemble à leur examen, avant qu'ils puissent prononcer, en connaissance de cause, sur les justes motifs de préférence et de priorité qu'auront les unes sur les autres, dans des temps plus heureux que celui-ci, qui ressemblent trop à la veille de la banqueroute, quand il faut emprunter pour vivre au jour le jour, quand le crédit est aux abois et semble exhaler le dernier soupir. Assurément le dernier cabinet installé par lord Sydenham, où dans la majorité de ses membres formée dans le même esprit et des mêmes matériaux que le sien, devait être plus en faveur et en crédit au Bureau colonial, que ne le sont nos amis, que ne sont que libéraux ici, mais qui là-bas, d'après les recommandations parties d'ici de temps à autres, y sont, très erronément, je l'avoue, notés radicaux. L'un des membres les plus respectables de ce cabinet patronisé et bien vu à Downing Street, homme de talents distingués sous beaucoup de rapports et particulièrement en matière de finances, a été y dérouler le tableau des besoins pressants d'emprunt du pays et du cabinet, si l'on voulait les tenir à flot. On les a laissé échouer.

Il n'a réussi qu'en partie et n'a pu qu'en partie faire face à ses engagements. Pour les 100 000 l promis aux incendiés à Québec, l'on n'a pu leur donner que le crédit de la province; l'on n'a pu le leur donner que pour la moitié de ce qui leur avait été promis, et cette moitié de crédit, au lieu de la totalité du réel, quand on veut en presser la réalisation, perd dix et douze pour cent; et c'est dans ces circonstances que, pour subvenir aux dépenses courantes, un pays soumis depuis sept ans aux méfaits de l'Union et du gouvernement responsable, tel qu'il a fonctionné, vit d'emprunt aujourd'hui, sans trop savoir comment il vivra demain.

C'est pour cela surtout qu'il faut bien, dit-on, que les ministres prorogent. En quoi et comment l'inaction et la retraite peuvent-elles remédier aux difficultés, et non les accroître? C'est en matière de crédit et de finances, d'emprunt, de revenu, et de dépenses que les ministres ont besoin de l'avis et de l'action des représentants, qu'ils doivent désirer que la responsabilité représentative leur vienne en aide et domine la responsabilité ministérielle.

La libre navigation du Saint-Laurent est une autre mesure qui est sous discussion en Angleterre. Qu'elle soit octroyée, et pour toujours chaque minot de grains recueilli dans la province vaudra un demi-chelin et plus au-delà de ce qu'il vaudra, si elle est refusée. La Chambre l'a demandée à l'unanimité ainsi que l'usage officiel de langue française dnas les cas où il est interdit. Point de réponse.

Que la première de ces mesures soit octroyée, chaque terre à la campagne et chaque maison dans les villes a de suite une plus grande valeur.

Les ministres la souhaitent, le pays la veut, l'assemblée est prête à en répéter la demande formelle. Pourquoi donc le cabinet ne donnerait-il pas à ses représentants le poids et l'autorité de résolutions adoptées dans les deux Chambres? N'a-t-il rien à faire, rien à dire sur ces sujets, parce que l'assemblée a fait connaître ses désirs l'an dernier!

Mais ceux qui luttent en Angleterre contre d'anciens préjugés, d'anciens monopoles, sont heureux de recevoir aide et appui de quelque part qu'ils viennent, sont heureux surtout de les recevoir des peuples et des corps constitués qui ont un intérêt particulier dans la solution de cette question, qui ont de communs intérêts et de communes opinions avec eux.

La question étant encore débattue cette année, qui sait si la prochaine malle n'exprimera pas le désir du gouvernement d'avoir l'opinion du pays.

Le ministère avec une majorité imposante, si bien disposée pour lui, n'a rien à craindre de la durée d'une courte session tandis que le pays peut souffrir d'une prorogation, quand des sujets d'une importante vitale à son agrandissement rapide, ou à sa croissance comparative vis-à-vis de nos voisins, sont sous discussion.

L'on voit combien le commerce du Haut-Canada a rapidement avec New York, depuis que le système de dépôt, de remise des droits et de transit a été adopté par les États-Unis.

Ils désirent étendre ce système et donner les mêmes facilités à la sortie de nos produits; ce nouvel avantage est incomparativement plus grand que le premier. Mais ils demandent la réciprocité pour les rares occasions où notre marché serait meilleur que le leur. Cela ne peut aucunement nuire au producteur parce qu'il ne doit jamais perdre de vue que dans les pays nouveaux, où les neuf dixièmes de la population sont engagés dans la culture du sol, où ce pays produit plus qu'il ne peut consommer, ce sont les besoins des pays surabondamment peuplés, qui ne peuvent fournir à leur consommation indispensable, ce sont les marchés étrangers qui règlent la valeur de nos produits. Jusqu'à présent le Canada n'ayant eu qu'un seul marché, les affaires sont tombées entre les mains d'un trop petit nombre d'hommes, qui n'ont pas été forcés par une ardente compétition à être aussi vigilants, actifs, économes que si elle avait existé; des prix de monopoles se sont établis trop hauts pour ce qu'ils vendent, trop faibles pour ce qu'ils achètent: les affaires plus restreintes voulaient qu'ils fissent de plus grands profits pour vivre et soutenir leurs frais d'établissement.

Commercer à New York et à Boston, c'est le faire avec des capitalistes qui fournissent aux demandes de millions de consommateurs, dont les opérations se front sur une si grande échelle, que deux pour cent leur laissent plus de bénéfices que dix et vingt pour cent ne le feraient sur des importations restreintes aux faibles opérations commerciales de ce pays. L'accès de leurs ports demeurant libre chaque jour de l'année, il n'ont pas d'accumulation d'effets sur les mains, d'approvisionnement stériles pendant plusieurs mois jusqu'au jour de la vente, comme notre commerce de gros et de détail en avait malheureusement eu tant qu'il avait été restreint à ne recevoir et verser les importations et les exportations que durant six des douze mois de l'année.

L'accès étant maintenu toute l'année par l'océan avec ces ports et par les chemins de fer avec l'intérieur assure le revirement des capitaux, leur sortie sous une forme, leur rentrée sous une autre et les petits profits de chacune de ces opérations répétées set à huit fois dans l'année chez eux, contre deux ou trois fois ici: autres facilités pour eux de faire de grands profits par de légers bénéfices.

Contre tant et de si grands avantages qui tendent à chasser le commerce de nos rives, pour l'attirer chez eux, il nous faut la législation la plus vigilante, la plus libérale, la plus incessante possible.

Quelques graves erreurs sur ce point auraient bientôt l'effet de tarir pour ainsi dire le Saint-Laurent pendant l'été, comme il est glacé pendant l'hiver, tandis qu'une législation éclairée, aujourd'hui et non demain, pourra peut-être attirer les produits de l'Ouest américain à suivre les flots du Saint-Laurent qui roulent rapides et abondants et pourraient porter avec économie et célérité vers la mer de gros vaisseaux et leurs riches cargaisons, au lieu de voir ces riches produits traînés paresseusement, dispendieusement, fractionnés en pauvres cargaisons, dans de petits bateaux suivant la route artificielle encombrée que le génie de la liberté politique et de la liberté commerciale leur a tracée dans les canaux de New York.

De toutes les mesures qui peuvent le mieux aider à procurer un résultat plus décisif sur notre avenir de prospérité, ou de pauvreté, l'une des importantes, celle qui est un complément nécessaire pour donner une signification raisonnable, et de la valeur à l'action qui a été prise en Angleterre et ici, de commencer un système de canalisation aussi coûteux que l'a été le nôtre, c'est un autre canal, reliant, par la communication la plus directe, les eaux du lac Champlain et celles du Saint-Laurent.

Si nos canaux ont été ouverts en vue de nous donner une commerce libre avec les différents peuples du monde, ils peuvent devenir profitables et avoir été alors une entreprise hasardeuse, si l'on veut, mais raisonnée et raisonnable; s'ils ont été ouverts en vue de nous parquer en une possession isolée des autres nations, asservie à des relations de monopole commercial et de commerce direct avec l'Empire britannique seul, ils ont été une entreprise insensée et ruineuse.

Une compagnie, qui réunit les noms les plus forts dans le monde monétaire canadien, offre de venir en aide à la province qui ne peut plus s'aider, et de creuser à ses frais ce canal, en vue des profits qu'elle y entrevoit, gardant les risques pour elle, si elle a mal calculé; restituant les profits au pays si elle a bien calculé, en permettant durant vingt ans le rachat de sa propriété, si l'utilité publique veut ce rachat. La législature ne doit donc pas retarder à lui venir en aide par l'octroi de l'acte d'incorporation qu'elle réclame pour pouvoir commencer ces utiles travaux.

La compagnie qui demande à construire un pont sur le Saint-Laurent et plusieurs particuliers qui se sont conformés aux règles de la Chambre pour obtenir les actes qui les autoriseront à bâtir des ponts de péages, et autres améliorations utiles à eux et à tous, ont bien le droit d'espérer qu'une fois le Parlement réuni à si grands frais de toutes les parties de la province, on lui permettra de siéger pendant les quelques délais qui sont nécessaires pour terminer ce que la législature est prête à donner, ce que le public est prêt à recevoir avec reconnaissance et profit, sans que ce délai oblige à s'occuper de sujets sur lesquels l'on est pas prêt à agir.

Dans l'état de mouvement progressif accéléré, avec lequel le monde entier roule précipité vers ce libre échange des idées et des effets, des produits intellectuels et matériels; quand cette fièvre contagieuse fait jeter à vingt millions de nos voisins, comme s'ils n'étaient qu'un homme, pour cri de ralliement le Go ahead, en avant donc, pouvons-nous ne pas sentir qu'il faut saisir l'occasion aux cheveux; qu'en concurrence avec eux, le jour perdu est perdu sans retour.

Ceux qui sont prêts à engager, aujourd'hui, leurs capitaux dans ces entreprises qui nous profiteraient peuvent trouver demain plus d'avantage à les porter là où ils profiteront à nos rivaux.

Parce que les ministres ne sont pas prêts à faire de grandes choses cette année, qu'ils n'empêchent pas d'agir ceux qui sont prêts à faire des choses grandes ou petites d'un autre genre que celles qui les préoccupent.

Que le gouvernement responsable ne soit pas bien compris; ou s'il est tel qu'on se le figure, qu'il ne soit pas un bien sans mélange, a éclaté d'une manière humiliante pour elle, en présence du public, qui devra la trouver trop petite et le ministère trop grand, à l'occasion de ce qui s'est passé au sujet de la loi des banqueroutes. Un de nos collègues a présenté une requête signée par plusieurs négociants importateurs et par le détail presque entier de Montréal, se plaignant que cette loi était une source abondante de fraude, de ruine et de démoralisation; ne demandant pas le travail compliqué d'une loi nouvelle sur ce sujet, mais la seule abolition de la loi actuelle.

Avec les légers amendements nécessaires pour que les liquidations commencées sous l'opération de la loi fussent continuées, et pour garder les débiteurs de l'emprisonnement pour dettes, ce bill, référé à un comité, donnerait au commerce, un peu de temps, une réforme dont il allègue que le besoin est urgent.

Bon nombre des membres des deux sections de la province sont désireux de faire droit aux voeux du commerce.

L'honorable membre retire son bill contre le désir des pétitionnaires et contre le sien propre, assure-t-il, parce qu'on lui dit que les ministres désirent qu'il le retire.

Dans une chose qui les regarde si peu, et de si loin, peut-être les ministres ne devrait-ils pas avoir des désirs bien vifs, bien autres que ceux des pétitionnaires. Que s'ils insistent, en promettant de donner l'an prochain une bonne loi à ce sujet, ce n'est pas une raison d'en conserver une mauvaise cette année.

Qu'elle tombe, ce n'est qu'un méchant acte du Conseil spécial. Il y avait du commerce avant que ce corps eût étendu sa protection sur le commerce, comme il l'a étendue sur tant d'autres choses: pour corrompre et décevoir.

Les membres seraient découragés de proposer aucune mesure utile, s'il fallait que l'initiative, toujours et partout, fût ainsi laissée au cabinet. Sans doute il vaut mieux que quelques mesures des plus importantes commencent là; c'est une garantie qu'elles seront sanctionnées et que l'on ne se livre pas à un vain labeur. Mais aussi il ne faudrait pas intimer trop durement que le travail, qui commencera ailleurs, sera un vain labeur.

Nous ne voulons pas refuser les subsides demandés, ce serait un vote de non-confiance bien plus direct qu'aucune expression ne le pourrait comporter, bien plus amer que celui qui a justement renversé le dernier ministère.

Si le cabinet met fin à la session, il en prend sur lui la responsabilité. Ce n'est pas l'avis sincère de ceux qui pensent autrement, qui peut ou doit lui nuire beaucoup. C'est d'après ses actes et ses déterminations qu'il doit être jugé. Chacun conserve son honneur sauf, qui, pensant que la prorogation de devait pas avoir lieu, a l'honnêteté de le dire.

Je suis attristé que ce soient ceux en qui j'ai confiance qui me paraissent avoir tort, surpris que ce soient ceux en qui je n'ai pas confiance qui aujourd'hui me paraissent incliner vers l'opinion la plus judicieuse, de préférer à l'inaction faire ce qui peut se bien faire, d'ici à quelques jours.

J'espère qu'au moins neuf fois sur dix j'aurai à appuyer les mesures que proposera le cabinet actuel; je pense que neuf fois sur dix j'aurais à repousser les mesures qu'aurait proposées une administration composée comme l'était la dernière.

Elle avait pris le gouvernement responsable à contresens. Le gouvernement l'avait imposée à la Chambre, quand c'est à celle-ci à donner qui bon lui semble aux gouverneurs.