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voulu la révéler pour des motifs que l’on comprend. J’en avais cependant confié le secret au pasteur de l’hospice.

25. — J’ai adressé au docteur les lignes suivantes :
« Monsieur, je vous ai démontré que je possédais bien des connaissances ; je ne vous ai pas tout dit. Je ne suis pas novice dans votre art. J’ai fait plusieurs laborieux accouchements, amputations de jambes et autres traitements spéciaux. Il se présente une occasion de mettre mon savoir à l’épreuve. Il s’agit du nouvel arrivé qui ne mange pas et qui se trouve dans un état de stupidité complète. En peu de temps, je m’offre à lui rendre l’appétit et peut-être même l’esprit. Il suffit de lui mettre un bâillon frotté d’ail d’une grosseur convenable et de lui faire prendre du lait tiède. Le second jour, il demandera à manger ; le troisième jour, je prescrirai une ordonnance appropriée à son état. »

1er décembre. — À mon retour des armées, me trouvant oisif, je m’occupai habilement à tailler et greffer les arbres. Pourquoi ne m’utilise-t-on pas à cet usage, au moins à cultiver le jardin entre les repas ? L’occupation est un excellent remède pour varier les réflexions.

2. — Une des dames religieuses a su captiver mon cœur. Elle n’a rebuté ni mes chansons ni mes lettres amoureuses. Je la pousse vivement. En général expérimenté, je prévois les moindres mouvements de l’ennemi.

3. — J’ai adressé un mémoire au préfet, qui doit venir visiter l’hospice, pour lui confirmer l’existence de mon père sous le nom de Fauquet. L’individu dont il porte le nom a péri pour lui. On lui a déformé le nez, mais qu’on le mette à une forge et on verra son savoir-faire.

6. — À dater de ce jour jusqu’au jour de l’an, je n’écrirai qu’en cas extraordinaire. Le 1er janvier 1827, je suis résolu à jouer le tout pour le tout.

20. — On ne considère mes dessins et mes travaux, que comme des actes de démence. C’est décourageant. Il faut apprécier l’idée et non les défauts d’une œuvre.

25. — Il m’a été remis du papier. J’en ai profité pour informer le préfet que j’ai des propriétés aux colonies et qu’il est donc indispensable que l’on me mette à même de m’entretenir avec le tuteur que l’on m’a nommé, en m’expédiant dans le Puy-de-Dôme.

26. — J’ai dressé le règlement de notre salle. Le voici :

« Société des Aliénés


» Parmi nous point de fripons. Loyauté et patience, voilà notre devise.
»