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enfermé dans un cachot de six pieds carrés sans pouvoir communiquer avec qui que ce soit, mes bourreaux ont voulu me faire perdre l’esprit en me faisant absorber des substances nuisibles mêlées à mes vivres... Est-ce dans un cachot que l’on aurait dû me soumettre à un régime ?...

Je ne vous fais pas le détail de toutes les souffrances que j’ai endurées. Il est cependant nécessaire que vous sachiez que je n’obtins de prendre l’air une heure par jour, dans la cour du concierge, qu’au bout de deux mois. La croisée de mon cachot, située à l’aspect du nord, n’était bouchée que par un contrevent incapable d’empêcher la bise d’entrer. Mes bourreaux eurent peur que la mort leur enlevât leur victime, car, n’ayant pris que très peu d’aliment, j’étais devenu un véritable squelette.

Je fus enfin autorisé à passer la journée entière dans le corridor du concierge. Mais cette faveur cachait un piège. Dès que quelqu’un pouvait m’apercevoir, j’étais entouré de soins, surtout lorsque je me trouvais en présence d’un prisonnier nommé Leblanc. La ressemblance que j’ai trouvée en sa personne avec le souvenir que j’ai gardé du duc d’Angoulême et ce qui a eu lieu entre nous, me fait croire que c’était véritablement bien votre mari... Si je ne me trompe pas et que ce fût mon beau-frère, il aura été la dupe de nos ennemis communs qui, après son départ, ont redoublé envers moi de surveillance et de mauvais traitements...

Ils m’ont fait comparaître en justice. Mes moyens de défense ont été rejetés. Ils m’ont interdit de mes droits civils sous le nom de Persat... Ils s’ingénient à empêcher notre réunion. En route pour Rouen où j’ai rappelé de mon jugement, et déposé à la prison d’Yvetot, je mets tout en usage pour tâcher de vous faire tenir ma déclaration qui vous portera la vérité, si Dieu veut qu’elle se découvre...

Mais en cela que sa volonté soit faite !... Résigné en vrai chrétien, j’attends tout de la bonté divine... Soyez assurée que les têtes de nos ennemis tomberont sous un châtiment bien mérité.

Je prie Dieu qu’il vous tienne en sa protection. Adieu.

Charles.


Persat arriva à Rouen le 23 décembre et fut enfermé à la prison dite de Bicêtre, où avait déjà été enfermé Bruneau.

Le plaidoyer qu’il produisit devant la Cour royale ne manque pas d’un certain intérêt.

« Ce que je veux avant tout, affirme-t-il en débutant, c’est rendre à ma patrie sa gloire antique, ternie par des forfaits dont elle porte injustement