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votre conscience ne vous reproche rien. » Pour remonter sur le trône de mes pères, je n’attends de secours que de Dieu, de la Justice et de moi ! »

Sur cette harangue sensationnelle, le tribunal fit réintégrer Persat dans sa prison.

Le condamné, à qui il restait encore un cahier de papier, le mit aussitôt à profit.

Il fit parvenir au Président du tribunal une note complémentaire réfutant les allégations de l’accusateur public auxquelles il avait oublié de répondre.

« L’accusateur, lit-on dans ce document, a soutenu que la lecture de mon mémoire de 72 pages suffit à établir la maladie de l’esprit qui l’a dicté. Je vous observe d’abord que ce mémoire contient 75 pages et non 72. Si l’on y rencontre des parties fabuleuses, c’est que fabuleuses ont été les circonstances de ma vie.

» Il prétend ensuite que j’ai, par lettre, renoncé au nom de Bourbon. La lettre à laquelle il fait allusion n’était pas volontaire ; elle m’a été arrachée par menaces, par privations et par neuf mois de détention. Bien qu’en outre elle ne porte renonciation qu’à certaines conditions, je la rétracte. Je pourrais renoncer au titre de roi, car je n’ai jamais eu l’intention de m’asseoir sur les débris sanglants des auteurs de mes jours ; mais prince français ou archiduc d’Autriche, voilà des titres qui sont et resteront mon droit.

» L’animosité de l’accusateur contre moi rappelle celle des tribuns de la Convention. On a vu cependant des boulettes de vert-de-gris qui m’étaient destinées ; un prisonnier en est mort à ma place. Un jour, prochain peut-être, ceux qui refusent de me croire seront traduits devant une cour criminelle comme complices des crimes de La Fayette... »

En résumé, Persat interjeta régulièrement appel d’un jugement qu’il considérait comme inique.

En conséquence de cet appel, il fut extrait, le 14 décembre 1825, de la prison du Havre, dont il était l’hôte depuis 14 mois, et dirigé sur Rouen.

Durant une halte que son escorte fit à Yvetot, il dégonfla son âme dans le sein de sa sœur d’Angoulême :

Yvetot, 15 décembre.

  Ma Sœur,

N’ayant pas reçu de réponse à ma lettre du 23 octobre 1824, strictement