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ne le retenait captif que pour l’amener à souscrire à son plan de gouvernement. Durant sa vie entière, il avait subi la néfaste influence de cet implacable persécuteur qui venait encore jusque sur le sol américain le poursuivre de ses obsessions et le convier à une honteuse complicité.

Dès ce moment, l’incarnation fut complète et Persat vécut deux existences parallèles. Il pensa, il agit, il souffrit d’une pensée, d’une volonté, d’une douleur imaginaires. De bonne foi et sans calculs de lucre, il prit au sérieux sa qualité de « fils de Louis XVI » et échafauda autour de sa prétendue légitimité tout un système de conceptions puériles.

Il écrivit aux journaux différentes lettres qu’il signait des noms de Charles X ou de Philippe VI, roi de France et prince de Navarre, et il rédigea une proclamation comme fait tout prétendant qui se respecte.

En 1824, il partit pour la capitale de l’Union et présenta ses revendications au congrès de Washington vers l’époque où le congrès, ayant à sa tête le président Monroe, accueillait le général La Fayette qui accomplissait, en compagnie de son fils, un voyage triomphal à travers les districts de la grande République.

Bientôt il éprouva le désir de se rapprocher de son peuple et de se faire reconnaître dans son pays. Ce n’était pas à New York, mais à Paris qu’il importait de se produire et d’agir sur l’opinion.

En conséquence, il avisa le consul de France de sa résolution, monta à bord du Galax dont le capitaine l’inscrivit sous son nom supposé qui lui garantissait l’incognito, et débarqua au Havre le 20 octobre 1824.

À peine touchait-il du pied le sol de sa patrie, qu’il fut appréhendé au corps par des agents de la Sûreté et immédiatement incarcéré. On le trouva porteur d’un sceau royal, de papiers divers, de vingt-cinq louis et de 3,000 proclamations imprimées.

Ce fut durant les trois années d’internement qui suivirent cette arrestation que Persat écrivit son autobiographie. Nous lui laissons