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L’ART PRIAPIQUE.

De ces catins tel est le manège et la grâce.
Dans un moutier aussi le plaisir a sa place.
La plaintive nonnain, en longs habite de deuil,
Y besogne partout, même sur un cercueil.
Les transports les plus vifs expriment son ivresse ;
Avide de plaisir, elle foutrait sans cesse ;
Mais pour bien contenter ses désirs amoureux,
Il faudrait n’être pas des hommes, mais des dieux.
Je hais ces céladons, dont la langue emmiellée
Constamment des fadeurs prend la tournure usée,
Qui raffinent le tendre et, fous de sens rassis,
Se transforment, pour plaire, en amoureux transis.
Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines,
Ils ne savent jamais que se charger de chaînes,
Que pousser jour et nuit des soupirs à foison,
Martyriser leurs sens et perdre la raison.
Ce n’était pas jadis sur ce ton ridicule
Que déclarait ses feux le sensuel Tibulle ;
Ou qu’Ovide, laissant les vers et les chansons,
De l’art d’aimer au sexe expliquait les leçons.
Il faut que le vit seul exprime votre envie,
Au milieu du plaisir et de la fouterie.
La duchesse aux grands airs, fière de ses aïeux,
Garde dans ses ébats un air audacieux,
Et dès qu’à son fouteur elle ouvre la barrière,
Elle veut qu’il fournisse une longue carrière.