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L’ART PRIAPIQUE.

Elle vous comble ainsi d’éloges fastueux :
La vérité n’a point cet air impétueux.
Une amante toujours rigoureuse, inflexible,
Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible.
La friponne se plaint des coups mal ménagés ;
Elle n’excuse point ceux qui sont négligés,
Et tançant d’un fouteur l’impertinente emphase,
L’appelle hautement bande-à-l’aise, viédase.
Comment donc ! ton beau feu semble se ralentir !
Allons, l’ami, du foutre, et vive le plaisir !
C’est ainsi que vous parle une amante adorable.
Mais souvent sur l’article un fouteur intraitable,
À se justifier se croit intéressé,
Et par cette leçon il se trouve offensé.
Si sa belle lui dit : Vous foutez à la glace !
Mon imbécile fat va faire la grimace.
Il est fâcheux, dit-il, que je te semble froid ;
Je te baise à ravir, et tu te plains de moi !
Mon vit ne te plaît pas. Tout ton sexe l’admire !
Ainsi toujours constant à ne point se dédire,
Si sa maîtresse veut un jour le corriger,
Le revêche s’obstine à ne jamais changer.
Cependant, à l’entendre, il chérit la critique,
Sa belle a sur son cœur un pouvoir despotique.
Mais tout ce beau discours dont il sait la flatter
Est discours d’un Gascon qui prétend en conter.