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L’ART PRIAPIQUE.

Qu’un franc godemichet qui devant fille nue,
Saisi d’un sot respect, s’incline et la salue.
Voulez-vous d’un tendron mériter les amours ?
Il faut le foutre roide et deux fois tous les jours.
Mais dans vos procédés gardez d’être uniforme ;
Évitez en foutant qu’un con baille et s’endorme ;
Il n’aime pas un vit dressé pour l’ennuyer,
Qui n’a jamais qu’un pas, qu’une façon d’aller.
Bienheureux qui pour foutre a plus d’une manière !
Sa marche est tour à tour vive, lente, légère.
Son priape, envié de tous les riboteurs,
Est souvent entouré de conins amateurs.
Dans vos plaisirs divers évitez la bassesse :
La verge la moins noble a pourtant sa noblesse.
Au mépris du bon sens certain goût effronté
Trompa les vits d’abord, plut par sa nouveauté,
On ne rechercha plus que filles triviales,
Tout le monde courut même aux dames des halles ;
La licence à baiser alors n’eut plus de frein,
Priape dérogea, Vénus fit la catin.
Cette contagion infecta les provinces,
Du clerc et du bourgeois passa jusques aux princes ;
La plus mauvaise garce eut ses adulateurs,
Et jusqu’à la Margot, tout trouva des fouteurs.
Mais on vit à la fin la cour désabusée ;
Dédaigner de ce goût l’extravagance aisée,