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PRÉFACE

livre comme un livre défendu, qu’elles m’accuseront de faire injure à leur sexe, qu’elles me rangeront parmi les femmes sans moralité, car elles estiment que l’aveu est un déshonneur et la franchise une cause de honte.

Hélas ! l’hypocrisie triomphe. La conception de l’amour se fausse chaque jour davantage. Il tend à redevenir un péché, une chose maudite ; ses arts s’étiolent, car Tartufe fait grand bruit dès qu’apparaît le contour du sein qu’il ne saurait voir. Adieu la galanterie d’un autre siècle, les surprises, les embarquements pour Cythère, les chemises envolées, ce libertinage léger, fils naturel de notre pays, qui était une forme si aristocratique de la beauté. On va bientôt habiller les statues et emprisonner les amants qui se pressent la main dans le jardin du Luxembourg. L’ombre de M. Prudhomme s’épaissit autour de nous.

J’ai essayé dans ces pages de dire librement mon sentiment sur l’amour, de raconter des histoires vraies, dont je pensais tirer une leçon profitable, j’ai parlé de l’amour physique avec la même vérité que j’ai parlé de l’amour sentimental.

Que les hypocrites se lèvent pour m’en blâmer ! Je crois qu’il y a autant de moralité dans les dents blanches, les yeux clairs, la peau veloutée d’une