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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

pour sa fille un sort prestigieux. Mais ce n’est pas une règle absolue et il peut arriver que ta mère ne ressemble pas à Mme Cardinal.

Tes parents, comme ceux de A… S…, peuvent appartenir à une vieille noblesse provinciale déchue. Ton père, comme le sien, place peut-être des vins en Italie ; ta mère, ayant encore gardé la morgue aristocratique de la petite ville où elle a régné, a peut-être été obligée de louer une teinturerie avec l’espoir que les gants et les corsages nettoyés lui permettront à la longue de payer de coûteuses leçons particulières.

Ou bien, comme S…, es-tu fille d’un important fonctionnaire de ministère, ou, comme V… T…, la fille d’un authentique colonel, que, dans ce cas-là, tu seras obligée de montrer souvent, à cause du scepticisme que rencontre toujours l’énoncé d’une telle parenté.

Peut-être même appartiendras-tu à ce monde snob que l’on appelle le Tout-Paris, et tu en tireras alors une immense réclame qui pourra transformer ton néant en génie naissant.

Mais, quelle que soit ton origine, tu es allée un matin, porteuse d’une vague lettre de recommandation, tremblante et anxieuse, sonner à la porte d’un illustre tragédien. Tu es entrée, et tu as